Près de 60.000 délégués issus de 123 pays ont assisté au 11e Forum social mondial à Dakar, qui s'est terminé le 11 février.
Les altermondialistes y ont réaffirmé que "le capitalisme détruit la vie quotidienne des populations". Ils ont insisté sur la nécessité de construire "une stratégie commune" contre les transnationales qui soutiennent le système capitaliste, privatisent la vie, les services publics et les biens communs : eau, air, terre, semences, ressources minérales.
Les participants ont également défendu la souveraineté alimentaire et l'accord conclu lors du sommet des peuples contre le changement climatique de Cochabamba, au Mexique, "où des véritables alternatives à la crise climatique ont été construites avec les mouvements sociaux et organisations du monde entier". Ils ont qualifié le réchauffement global de la terre de "produit du système capitaliste de production, distribution et consommation". Ils se sont insurgés contre le "capitalisme vert", refusant "les fausses solutions à la crise climatique", tels que les agro-carburants, les organismes génétiquement modifiés et les mécanismes de marché de carbone.
Le 11 février, le Forum a adopté la "Déclaration de Dakar", qui répertorie les priorités dégagées au niveau des mouvements sociaux, ainsi que l'agenda des actions et mobilisations prévues pour l'année 2011. Ainsi, une Journée d'action globale contre le capitalisme est d'ores et déjà prévue le 12 octobre 2011.
Les soulèvements populaires survenus ces dernières semaines en Tunisie et en Egypte étaient omniprésents dans les débats du FSM. Le sénégalais Demba Moussa Dembélé, directeur du Forum africain des alternatives et également membre du comité d'organisation, souligne deux objectifs : "renforcer ces mouvements pour qu'ils articulent leurs revendications propres en faveur de la population africaine; augmenter leur capacité d’interlocuteurs face aux pouvoirs publics dans tout le Continent". Selon lui, "ce FSM a touché les thèmes essentiels des grands défis auxquels sont confrontés l'Afrique et le monde. Nous avons pu mettre sur la table les grandes questions qu'affronte le Continent : la thématique agraire, la souveraineté alimentaire, les ressources naturelles, la démocratie et la souveraineté des peuples". La session de Dakar a réussi à dépassé l'aspect de la protestation habituelle des mouvements sociaux contre la guerre, contre le changement climatique, les crises financières, l'accaparement des terres, etc. Pour Moussa Dembélé, les changements en Amérique latine sont désormais possibles, par le rapprochement étroit entre ces mouvements et le pouvoir politique.
Par ailleurs, des centaines de journalistes, particulièrement d'Afrique, ont couvert le FSM de Dakar. Beaucoup d’entre eux appartiennent à des médias alternatifs. Néanmoins, l'événement a été aussi couvert par la BBC et Radio France Internationale, qui lui ont accordé des espaces relativement larges dans leurs programmes quotidiens. "Ce fut l'un des principaux succès de cette session de Dakar, en matière d’information", relève Bernard Bokodjin, sociologue de la communication, qui ajoute : "le FSM a gagné la bataille médiatique, plus particulièrement en Afrique".
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