La grave contradiction entre le consumérisme vanté par les media et la pauvreté populaire est à la base de la révolte du peuple égyptien, estime Mgr Youhannes Zakaria, l'évêque copte catholique de Louxor. "La situation est calme parce que toute la population de Louxor, chrétiens comme musulmans, travaille pour le tourisme", a déclaré à l'agence d’information vaticane "Fides" Mgr Youhannes Zakaria, évêque des coptes catholiques de Louxor, en Haute-Egypte.
"Tous ont intérêt à éviter les désordres afin de préserver le tourisme. Malheureusement, la présence de touristes est presque nulle. J'ai parlé avec des personnes qui travaillent dans les hôtels et les bazars et ils m’ont décrit une situation préoccupante. Les premiers à en faire les frais sont les travailleurs les plus pauvres qui se retrouvent sans travail et sans salaire".
"Dans nos églises, nous prions chaque jour pour la paix dans notre pays. Je tente d'y participer chaque soir de manière à insuffler calme et espérance aux fidèles", affirme Mgr Zakaria. "Le monde vit un moment difficile, causé par la crise économique et financière mondiale qui se reflète de manière particulièrement lourde sur les pays en voie de développement. A la base de tout se trouve une politique centrée sur l’égoïsme et non sur la promotion de la dignité humaine. Si seulement avaient été écoutés les avertissements contenus dans les documents et dans les messages de Jean Paul II et Benoît XVI qui indiquent clairement que la voie de la paix passe par la promotion de la dignité de tous", insiste Mgr Zakaria.
"Ce sont surtout les jeunes qui n’ont pas de perspectives d'avenir qui sont à la pointe de la révolte. Les media ont eu un rôle dans le déclenchement de leur rage parce qu'ils ont diffusé la culture de l'éphémère et du consumérisme dans un pays qui compte nombre de personnes pauvres. Au cinéma et à la télévision sont montrés de façon continue des films et téléfilms tournés dans des édifices luxueux alors qu’une grande partie des Egyptiens ont des difficultés à nourrir leur famille". "Ce qui se passe actuellement en Egypte pourrait arriver dans tout autre pays où existe un contraste social et économique aussi fort", conclut Mgr Zakaria.
Si nombre d'observateurs estiment que la révolte est avant tout socio-économique, le Père Samir Khalil Samir souligne pour sa part le risque d'islamisation.
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