« Le repli sur soi, ce n’est pas le monde qu’on désire », regrette Luc Van Haute, directeur de Caritas International


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Luc Van Haute, directeur de Caritas International ©CathoBel
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Luc Van Haute dirige Caritas International depuis janvier 2024. Cette ONG belge d’inspiration chrétienne célèbre cette année ses 75 ans d'existence. L'organisation, active en Belgique et dans le monde aide les victimes de violences, de catastrophes et de la pauvreté, dans leur propre pays ou en fuite. Luc Van Haute évoque les restrictions budgétaires annoncées par le gouvernement Arizona. Il analyse aussi la situation dans plusieurs pays où Caritas intervient comme l'Ukraine, la République Démocratique du Congo ou la Palestine.

Fondée en 1949, l'organisation s’est d’abord illustrée par son aide aux victimes de guerres et de catastrophes. « On a toujours agi à chaque moment important », souligne Luc Van Haute, directeur général, évoquant des actions marquantes comme les famines au Congo et en Éthiopie, qui ont contribué à structurer une politique de sécurité alimentaire.

Aujourd’hui, Caritas intervient dans trois grands domaines : l’aide humanitaire urgente, le développement, mais aussi l’accueil des personnes migrantes en Belgique. Grâce à un vaste réseau présent dans plus de 200 pays, l’organisation peut répondre rapidement aux crises : tremblements de terre, conflits, sécheresses…

Mais l’avenir est incertain. Le risque de coupes budgétaires dans la coopération internationale inquiète. « On reste dans le flou », déplore Van Haute, alors que la solidarité internationale semble s’éroder dans un climat de repli national. Pourtant, insiste-t-il, « ce n’est pas le monde que l’on souhaite : nous défendons un monde où chaque être humain a sa valeur. »

Extraits de l'entretien avec Luc Van Haute

CathoBel : Avez-vous le sentiment que la solidarité et peut être que la solidarité internationale en particulier, se perd un peu aujourd'hui ?

Luc Van Haute :On partage peut-être tous ce même sentiment quand on voit ce qui se passe dans le monde et les exemples sont connus. On a l'impression d’un repli sur soi. On voit le nationalisme. C'est mon pays d'abord. C'est une évolution qui nous préoccupe tous. Ce n’est pas le monde qu'on désire, le monde solidaire où chaque être humain a sa valeur et où tout le monde a les mêmes droits. C'est clair qu'on passe un moment difficile et j'espère que ça passera sans trop de dégâts.

CathoBel : Comment se construit votre budget ? Quelle part provient de la coopération belge au développement ?

Luc Van Haute : On dépend quand même largement des bailleurs en fonction des activités. Pour la Belgique, c’est la DGD, la direction générale du développement, qui nous soutient. Il y a 80% de subsides et 20% qu'on doit trouver nous-mêmes. Puis parfois nous obtenons le soutien d’autres Caritas et bien sûr la générosité du public.

CathoBel : Le nouveau gouvernement envisage de diminuer son budget alloué à la coopération. Quel impact pourraient avoir ces coupes budgétaires ?

Luc Van Haute : Rien n’est encore définitif. Il y a des intentions mais qui ne sont pas encore traduites dans la loi. Pour l'aide au développement, on parle d’une réduction de 25%. On ne dispose pas d’informations pour le moment de quand et comment on va couper dans les budgets. On reste actuellement dans le noir sur l’avenir de nos budgets mais nous sommes inquiets. La DGD va faire ses choix. Il y 14 pays préférentiels pour la coopération belge. Il y aura des arbitrages. Il faut peut-être éviter de faire l'erreur de couper un peu partout. Ce seront des choix pour continuer à être efficaces sur certains projets.

Pleins feux du 7 avril 2025.

Présentation: Angélique Tasiaux et Manu Van Lier - Production: CathoBel - Diffusion: RCF Belgique

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