Des commémorations ont rendu hommage aux victimes d'abus dans l'Eglise. Cette année, elle se sont déroulées dans un contexte tendu en raison des revendications exprimées par certaines victimes.
A Bruxelles et à Liège, deux commémorations annuelles ont eu lieu le dimanche 16 novembre, tandis qu'une autre se tiendra à Anvers le 23 novembre. Ces célébrations sont directement liées à la Journée pour la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels qui sera célébrée ce 18 novembre.
Par ailleurs, une nouvelle rencontre est prévue entre l'archevêque Luc Terlinden et les victimes ce lundi 17 novembre en fin de journée.
"Trop de temps"
A la basilique de Koekelberg, dès son mot d'ouverture, Mgr Luc Terlinden n'a pas hésité à admettre qu'"Il a fallu trop de temps avant de reconnaître pleinement la souffrance et le traumatisme des victimes."
Pour l'archevêque, la question du prochain reste cruciale et actuelle. Car "Nous ne devons pas limiter notre prochain à une seule catégorie de personnes, à un groupe ou à une culture particuliers. Tout le monde – et surtout les personnes dans le besoin – peut devenir mon prochain." Et de poursuivre : "nous ne pouvons plus limiter notre solidarité et notre charité à quelques-uns".
De même, l'archevêque souligne la nécessité d'une implication individuelle : "Allons-nous prendre, et vais-je prendre, le temps de l’écoute, de la compassion ? Vais-je m’engager, ensemble avec les victimes et survivants, à chercher des chemins de reconnaissance et de réparation ? Vous et moi, allons-nous avoir le courage de regarder vers le futur pour prévenir et sensibiliser à la lutte contre les abus sexuels ?" Et de réaffirmer : "Avec les victimes et les survivants, nous devons continuer à nous engager pour rechercher et trouver des voies de reconnaissance et de réparation. En agissant avec force, mais aussi avec ouverture et empathie. De votre part et de la mienne. Plus que jamais."
"Mon combat"
Deux jours plus tôt, mis sous pression par une demande de révocation exprimée dans un courrier par les deux tiers des victimes de retour du Vatican, Mgr Luc Terlinden a fait part, dans un communiqué de presse, de sa volonté à poursuivre le travail entrepris depuis son ordination en septembre 2023. "Le travail n'est pas terminé, je reste donc en fonction pour assumer mes responsabilités. C'est seulement dans ce rôle que j'ai la possibilité de travailler à ce qui peut et doit être amélioré." Et de lancer un nouvel appel au gouvernement fédéral pour une mise en œuvre des mesures suggérées à la suite des différentes commissions parlementaires. Avant de conclure son message en soulignant : "La lutte contre les abus sexuels dans l'Eglise est aussi mon combat. Plus que jamais."
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Les laïcs aussi concernés
Venu livrer un témoignage personnel lors de la célébration à la basilique Koekelberg, François Braem, lui-même victime d'abus, est revenu brièvement sur sa propre histoire, avant de se tourner vers l'avenir : "on peut aujourd’hui considérer que les abuseurs de demain au sein des structures institutionnelles de l’Eglise ne seront plus des prêtres, mais bien – et à titre tout à fait majoritaire – des laïcs. (...) C’est donc dès à présent qu’il importe de former des cadres pastoraux laïcs destinés à servir l’Eglise et qui puissent sensibiliser les fidèles à la prévention et à la lutte contre les abus sexuels dans l’ensemble des paroisses et autres lieux où se tiennent des activités d’Eglise."
Angélique TASIAUX
