Le corps du P. Jean-Marie Petitclerc retrouvé sur une plage de Normandie


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Le corps du P. Jean-Marie Petitclerc retrouvé sur une plage de Normandie
(c) Don Bosco.net
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le
3 min

La mort du père Jean-Marie Petitclerc, retrouvé noyé en Normandie, jette le trouble dans le monde catholique. Figure de l’éducation spécialisée, il était profondément fragilisé par une récente condamnation pénale.

Accident ? Suicide ? Un mystère entoure la découverte du corps du père Jean-Marie Petitclerc, retrouvé sur une plage de Langrune-sur-Mer, en Normandie. Car la mort, vraisemblablement par noyade, de ce prêtre salésien de Don Bosco bien connu du monde catholique francophone, intervient peu de temps après sa condamnation pour voyeurisme par un tribunal correctionnel français.

Rongé moralement et physiquement

Si Jean-Marie Petitclerc, qui s'était dit "abasourdi" par ces accusations, avait fait appel du jugement, cette condamnation et la "déferlante médiatique" qui s'en est suivie avaient profondément affecté le salésien. Le père Xavier Ernst, provincial pour la France et la Belgique Sud, explique que le défunt prêtre "était terriblement affaibli physiquement (…) vidé et rongé de l'intérieur, tant moralement que psychiquement".

Le week-end précédant sa mort, Jean-Marie Petitclerc aurait dû être à Nice pour fêter les 150 ans de l’arrivée de la congrégation salésienne dans la ville. Mais il a préféré y renoncer, et aller chez des amis, en Normandie dont il était originaire. "Il n'avait pas le cœur à la fête. C'était trop difficile pour lui d'être présent", ajoute le père Xavier Ernst.

Un expert de l'éducation

Agé de 72 ans, Jean-Marie Petitclerc avait choisi la prêtrise après de brillantes études qui lui permettront d'intégrer l'Ecole Polytechnique à 18 ans! En rejoignant ensuite la congrégation salésienne (il avait été aussi tenté par la vie politique), il consacrera sa vie aux jeunes en grande difficulté dans les quartiers populaires en tant qu'éducateur spécialisé. Il formera également des médiateurs sociaux.

Fondateur et directeur (jusqu'en 2014) de l’association Valdocco, pour prévenir la délinquance dans les banlieues de Paris et de Lyon, Jean-Marie Petitclerc était devenu un véritable expert des questions d'éducation dans les zones sensibles. Ce qui lui vaudra d'être nommé en 2007 chargé de mission au ministère du Logement et de la ville, dirigé à l'époque par Christine Boutin.

Relaxé 3 fois

Avec les nombreuses conférences qu'il a données tout au long de sa vie, les ouvrages qu'il a écrits, sur le thème de l'éducation et des actions de prévention, il s'était fait connaître et apprécier du grand public. Mais cette vie sous la lumière connut aussi sa part d'ombre avec des plaintes contre lui pour agression sexuelle: une première en 1999 et une deuxième en 2014. Toutes deux aboutiront à des non-lieux. Suite à une troisième plainte, en 2024, le tribunal correctionnel de Chaumont relaxera une nouvelle fois le religieux pour l'agression sexuelle. Mais il le condamnera cependant à six mois de prison avec sursis pour voyeurisme pour être entré "dans la salle de bains de la chambre occupée par [le plaignant] alors qu’il savait ce dernier sous la douche", rapporte le Journal de Haute-Marne.
Sa congrégation avait alors immédiatement pris à son égard une mesure conservatoire. Et, faisant valoir le principe de précaution, sans pour autant méconnaître le droit à la présomption d'innocence, elle avait interdit Jean-Marie Petitclerc de tout contact isolé avec des mineurs jusqu'à ce qu'une décision de justice définitive soit rendue.

Une décision qui ne pourra désormais plus être rendue. Car si les circonstances de sa mort restent à éclaircir, le décès du père Jean-Marie Peticlerc met automatiquement fin à l'action publique envers lui.

Un dernier message

La veille de sa mort, le prêtre salésien avait laissé une petite note à ses proches dont le père Xavier Ernst nous donne la teneur: "Il y commentait la dernière phrase de l'Evangile de ce dimanche: 'C'est par la persévérance que nous garderons la vie'. En disant qu'il ne savait pas s’il parviendrait à être aussi combatif que le commandaient les Écritures ".

P.G. (avec RCF)

Catégorie : Eglise monde

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