L’essor de l’intelligence artificielle touche le Vatican de plein fouet. Déjà, en fin de pontificat, le pape François avait été la cible de multiples vidéos truquées. Son successeur, Léon XIV, n’échappe pas à la déferlante de deepfakes et faux sermons générés par IA.
Depuis l'élection du pape américain, le 8 mai dernier, une avalanche d’images plus vraies que nature inonde la toile, piégeant des millions d'internautes convaincus de leur authenticité.
Il y a notamment eu cette vidéo virale sur TikTok, dans laquelle Léon XIV prêche sur le rôle des femmes. Un sermon créé de toutes pièces qui a récolté pas moins de… 9,7 millions de vues!
Autre cas qui a fait grand bruit: une vidéo, relayée juste après l’élection de Léon XIV, l’accuse d’avoir ignoré un drapeau LGBT+ lors d’un bain de foule. Si la vidéo s’avère ici bien réelle, sans manipulation de l’IA, elle est par contre volontairement tirée de son contexte: il s’agissait en réalité d’un drapeau de la paix, marqué "PACE", et le geste du pape semble purement fortuit.
Le Vatican contre-attaque
Enfin, plus inquiétant encore, il y a cette vidéo diffusée en mai dernier sur YouTube, dans laquelle le pape fait l’éloge d’Ibrahim Traoré, le dirigeant militaire du Burkina Faso pro-russe et anti-occidental. Durant les 36 minutes de discours, les paroles semblent parfaitement synchronisées avec les mouvements des lèvres de Léon XIV. Pour produire l’illusion, une technique de "morphing" a été appliquée sur le visage du pape afin d’adapter les mouvements labiaux aux mots générés par l’IA.
Cette (dangereuse) tromperie a été la goutte de trop pour le Saint-Siège qui s’est fendu d’un démenti, rappelant que seuls ses canaux officiels (vatican.va et vaticannews.va) publient les discours authentiques de Léon XIV.

Léon XIV mise sur la doctrine sociale face à l’IA
Il devient de plus en plus difficile de détecter les fausses homélies du souverain pontife. Au plus l’IA s’affine, au plus l’image et la voix générées paraissent réalistes. YouTube s’est emparé du problème, supprimant des chaînes spécialisées dans les faux sermons de Léon. L’une d’entre-elles cumulait près d’un million de vues avant sa suppression. Mais le phénomène prend des allures d’hydre numérique: à chaque chaîne supprimée, deux autres surgissent aussitôt.
Deux jours après son élection, Léon XIV exprimait ses réserves face aux développements de l’intelligence artificielle "qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail". S’inscrivant dans l’héritage de Léon XIII, il affirmait sa confiance dans la "doctrine sociale de l’Eglise" pour y répondre.
Clément Laloyaux