Toujours très attaché à son terroir ardennais, Armel Job, nous conte l’histoire d’un couple moderne et prospère dont le destin va subitement basculer en 1914.
A l’approche de sa mort, François remet au narrateur (le fils de son cousin Guillaume, dit Guy) le carnet que sa grand-mère Magda a rédigé dans les dernières années de sa vie, ainsi qu’une copie d’une photo de famille prise en 1910 où l’on voit les grands-parents endimanchés entourés de leurs huit enfants. Cette photo transpire le bonheur et la réussite sociale. Et pourtant…
Après leur mariage en 1885, le couple avait racheté une vieille auberge dans le village de Vieux-Ménil pour fonder le Grand Hôtel des Ardennes. Magda est une excellente cuisinière. Prussienne – puisque née à Raeren –, elle est donc germanophone. Les clients allemands s’y sentent bien accueillis. Victor, passionné d’automobiles, complète l’hôtel d’un garage afin d’y entretenir les voitures des bourgeois. C’est la Belle Epoque. Le tourisme est en plein essor.

Et pourtant, la cuisine renommée de Magda va provoquer son grand malheur. Le 22 août 1914, les troupes allemandes mettent le feu à l’établissement et un officier tue Guillaume, le fils préféré de Magda, âgé de 14 ans. Victor va alors se murer dans le silence tandis que sa femme se lance dans une quête solitaire qui la mènera jusqu’à rencontrer le Kaiser Guillaume II, dans sa villa du Neubois à Spa (aujourd’hui le Foyer de Charité de Spa-Nivezé!)
Une fois de plus, Armel Job traite son sujet avec brio. Avec beaucoup de sensibilité, l’auteur soulève de grandes questions sur la vie et la mort, le bien et le mal, le bien-fondé de la guerre, la vengeance et le pardon. Ce roman, qui est un régal pour les amoureux de l’Ardenne belge, ne laissera personne indifférent!
Yvette SPRONCK,
Librairie Siloë – CDD Liège
Armel Job, La cuisinière du Kaiser, Robert Laffont, 2025, 296 pages, 20 € - Remise de 5% sur évocation de cet article.