Journée mondiale des réfugiés: 120 millions de vies en quête de dignité


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Journée mondiale des réfugiés: 120 millions de vies en quête de dignité
Photo: Elias Sader/Service Jesuite des Refugiés
Par Manu Van Lier
Journaliste de CathoBel
Publié le
4 min

Ce 20 juin est la Journée mondiale des réfugiés. Instituée par les Nations Unies, cette journée rend hommage à ceux qui fuient les conflits, les persécutions ou les catastrophes. En 2025, alors que les besoins humanitaires atteignent un niveau sans précédent, les ressources disponibles diminuent. Une réalité dramatique pour les 120 millions de déplacés dans le monde.

Célébrée chaque année depuis 2001, la Journée mondiale des réfugiés met en lumière les droits et les espoirs de ceux qui ont été forcés de quitter leur foyer. Elle est l’occasion de rappeler que les réfugiés doivent pouvoir non seulement survivre, mais aussi s’épanouir, comme le souligne le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Pour 2025, la réflexion s'articule autour du thème de la solidarité. Le nombre de réfugiés et déplacés atteint un record absolu. "On compte aujourd’hui 120 millions de réfugiés et déplacés dans le monde, soit pratiquement la population du Japon", a indiqué le HCR le 13 juin. Pour Jérôme Bobin, de Handicap International, ce chiffre reflète une évolution inquiétante: "Il n’y a jamais eu autant de personnes déplacées sur la planète depuis qu’on fait des statistiques." Les causes sont multiples: conflits armés, répressions, catastrophes climatiques ou effondrements économiques. "Toute la planète est touchée", souligne-t-il encore, évoquant dans un entretien pour RFI les crises au Moyen-Orient, en Afrique, en Amérique latine et en Asie.

Un soutien en recul face à des besoins en hausse

Malgré l’ampleur des besoins, les financements internationaux pour l’aide humanitaire connaissent un recul sévère. L’aide humanitaire est la grande perdante avec une baisse de 10 % déjà été enregistrée en 2024. Et la tendance ne fait qu’empirer. Les États-Unis représentaient à eux seuls environ 45 % de l’aide humanitaire mondiale. "Lorsqu’ils réduisent brutalement leurs financements, les conséquences sont immédiates", précise encore Jérôme Bobin. D'autres pays, comme la France, l’Allemagne ou l’Union européenne, ont également annoncé des coupes budgétaires pour les années à venir. Ce désengagement fragilise les organisations sur le terrain et limite leur capacité d’action, notamment en matière d’éducation, de santé, d’hébergement ou de soutien psychologique.

En Afrique de l’Est, les pays d’accueil sont en première ligne. L’Ouganda héberge 1,7 million de réfugiés grâce à une politique d’accueil saluée par l’ONU. Le Tchad est devenu le deuxième pays d’accueil sur le continent, avec plus de 1,2 million de réfugiés, essentiellement en provenance du Soudan. L’Éthiopie suit avec plus d’un million. Dans la région du Sahel, le nombre de réfugiés a triplé entre 2020 et 2024, passant de 215 000 à 643 000.

"Un traumatisme de trop" : la santé mentale des réfugiés en danger

Derrière les chiffres, les histoires humaines sont marquées par la douleur, la perte et l’exil. Les professionnels de santé en France, en Belgique et ailleurs tirent la sonnette d’alarme. La santé mentale des exilés est en péril.

Les violences subies pendant les parcours migratoires – torture, viols, détentions, séparations – laissent des séquelles profondes. "Depuis plusieurs années, médecins, associations et psychologues spécialisés constatent une dégradation alarmante de la santé mentale des exilés", alertent plusieurs organisations. Troubles anxieux, dépressions sévères, stress post-traumatique: les symptômes sont fréquents, chez les adultes comme chez les enfants.

Dans les centres de détention en Belgique, le Jesuit Refugee Service (JRS) observe une situation de plus en plus préoccupante. "Pour les personnes qui cherchent une protection internationale, la détention est un traumatisme de trop", affirme l’organisation dans son rapport annuel. En 2024, certains migrants ont été enfermés plus d’un an, sans perspective claire. Deux événements tragiques ont marqué l’année: un décès à Bruges et une fausse couche à Caricole.

Le JRS plaide pour des alternatives à la détention, centrées sur l’accompagnement communautaire et le respect de la dignité humaine. En parallèle, il sensibilise les jeunes à travers des programmes éducatifs dans les écoles. En cette Journée mondiale du réfugié, et face à une montée des discours hostiles et aux fermetures de frontières, le JRS invite à continuer à faire preuve de solidarité envers ceux qui ont été forcés de fuir leur foyer.

Un appel à la responsabilité collective

À travers des manifestations culturelles, des débats et des actions de terrain, la Journée mondiale des réfugiés cherche à mobiliser l’opinion publique et les gouvernements. Elle rappelle que 67 % des réfugiés restent dans les pays voisins de leur pays d’origine, souvent aussi pauvres et instables. Plus de la moitié d’entre eux sont des enfants, privés de scolarité, exposés à la malnutrition et à la violence.

La solidarité internationale n’est plus une option, mais une urgence. Comme le rappelle le HCR, "il est de notre responsabilité collective de garantir que les réfugiés puissent vivre en sécurité et reconstruire leur vie avec dignité".

Catégorie : International

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