Retrouvez le commentaire de l’évangile du 4e dimanche de Pâques C par le frère Philippe Henne : « Personne ne peut les arracher de la main du Père »


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Retrouvez le commentaire de l’évangile du 4e dimanche de Pâques C par le frère Philippe Henne : « Personne ne peut les arracher de la main du Père »
Par Frère Philippe Henne, o.p.
Publié le - Modifié le
3 min

Combien de larmes les enfants n’ont pas versé en entendant leurs parents se disputer et en les voyant se séparer? Combien de gémissements des hommes et des femmes n’ont-ils pas soupirer en apprenant que leur conjoint était parti? Le sol lui-même semblait se dérober sous leurs pieds. Ils n’avaient plus de repères, plus de base sur laquelle se reposer.

Toute l’enfance est jonchée de trahisons. Heureusement, ce ne sont pas toujours de grandes trahisons. Dans les cours d’école, les fillettes se plaignent que leur amie les a trahies. Elles leur avaient confié un secret et elle l’a répétée à d’autres filles. Mais ce ne sont là que de petites trahisons qui ne font qu’égratigner le coeur et apprendre à mieux estimer la valeur des personnes que l’on fréquente: celles sur lesquelles on peut compter et celles qui sont agréables à rencontrer.

Arraché à la relative insouciance de l’enfance, l’adolescent se trouve sans la protection de ses parents. Il est alors confronté aux vagues inattendues des difficultés de la vie et à la grande incertitude des grands choix de l’existence. Jadis, solidement implanté dans le navire de la famille, il est brutalement placé dans la frêle esquif de sa propre destinée. Il avait voulu l’indépendance. Il a trouvé la solitude. Comme, jadis, il était sorti du ventre de sa mère, il est maintenant lancé sur l’océan de la vie, après avoir quitté le port rassurant, mais devenu étouffant, de son enfance.

Et voilà que, brutalement, Jésus annonce à des Juifs brutalisés par les soldats romains et à des chrétiens persécutés et torturés qu’ils sont bien à l’abri dans la main de Dieu. "Personne ne pourra vous arracher de sa sainte protection", leur crie-t-il plein d’assurance. Tout cela n’est-il pas un rêve, une illusion?

Et pourtant ce fut cela que Marie vécut toute sa vie. Lancée dans une aventure inattendue, être la mère d’un enfant divin, ballottée de Bethléem à Nazareth en passant par l’Egypte, elle méditait tout cela dans son cœur. Quand cette phrase fut-elle écrite? Quand elle retrouva son fils au Temple de Jérusalem et que ce garçonnet lui répondit, presque avec effronterie, qu’il fallait qu’il s’occupe des affaires de son Père. C’était comme un coup de couteau dans son coeur de mère. Cet enfant n’était pas à elle.

Elle vacilla. A quoi se raccrocher? A cet appel divin quand l’ange lui lança alors qu’elle n’était qu’une jeune fille? Certes, mais cela paraît bien faible et bien ténu. Si c’était une illusion? Et pourtant non. Il y a des moments, des rencontres qui ne trompent pas. C’était un éblouissement, un éclair, fugitif certes, mais bien réel et profond qui ne trompe pas.

Ce qui trompe et qui égare, ce sont les mille ennuis de la vie, les grandes tempêtes qu’il faut traverser et qui peuvent nous éloigner de notre véritable but: accomplir notre mission, celle que Dieu nous a confiée dans le silence d’une chambre solitaire ou au milieu des chants liturgiques, dans une rencontre inattendue avec son futur conjoint ou dans la soudaine prise de conscience que ce serait avec lui, avec elle que l’on voulait faire sa vie. Oui, nous sommes vraiment dans la main de Dieu et rien ne pourra nous en arracher si chaque jour nous réapprenons à nous y réfugier.

Frère Philippe HENNE, o.p.

Catégorie : Sens et foi

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