Retrouvez le commentaire de l’évangile du 3e dimanche de Pâques C par l’abbé Benoît Lobet: « Pas de ‘schisme’ dans le filet… »


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Retrouvez le commentaire de l’évangile du 3e dimanche de Pâques C par l’abbé Benoît Lobet: « Pas de ‘schisme’ dans le filet… »
La Pêche miraculeuse, Konrad Witz, 1444.
Par Benoît Lobet
Publié le
3 min

Malgré la grande quantité de poissons (cent cinquante-trois gros…), le filet ramené à terre par Pierre ne s’est pas rompu – le grec nous dit qu’il n’y a pas eu de "schisme", de rupture. C’est que cette prise s’est faite sur l’ordre du Ressuscité et qu’au fond c’est Lui qui était à la manœuvre… Ainsi va l’Eglise, qui agit sur l’injonction de son Seigneur et entend rassembler en un seul filet des hommes et des femmes de partout, en grande quantité, dans l’unité de la foi sans craindre les ruptures. La tâche n’est pas facile: lorsque notre bien-aimé pape François demandait de prier pour lui, à la fin de chacune de ses interventions, il ajoutait quelquefois que "son travail n’était pas simple".

Comme on le comprend, comme il est délicat de promouvoir l’unité du genre humain en faisant dialoguer des cultures, des convictions, des sensibilités souvent très opposées. Pourtant, c’est la volonté du Ressuscité, car c’est aussi l’une des significations de la résurrection: conduire à l’unité ce qui, sans elle, resterait dispersé. Et cette tâche, le Ressuscité la confie à l’Eglise entière, et aussi à Pierre, en particulier.

Pierre, nous le retrouvons précisément dans la seconde partie du récit proclamé aujourd’hui, cet "appendice" qui conclut le quatrième évangile. Jésus, par trois fois, va lui demander s’il l’aime, s’il l’aime vraiment, si l’aime "plus" que les autres. Trois fois, pour que le triple reniement ne soit pas entre eux le dernier mot, et ce souvenir douloureux ainsi rappelé à Pierre – sa trahison – se mue, par la grâce de la miséricorde, en mobile et contenu de sa mission.

La tâche de "paître" l’Eglise, d’être le pasteur des brebis, Jésus la confie à l’Apôtre pour un motif précis, que nous n’attendrions pas. Il ne se base pas sur ses compétences de "management", sur ses talents diplomatiques, sur ses connaissances linguistiques, sur ses diplômes (que du reste il n’a pas…), toutes choses que de modernes "chasseurs de têtes", y compris quelquefois dans l’Eglise, mettraient volontiers en avant. Non, il se base sur la trahison reconnue et pardonnée, qui entre eux n’a rompu ni l’amour ni l’amitié, ni agapè ni philia – les deux termes utilisés dans le magnifique dialogue entre Jésus et le premier … pape! Amour d’agapè demandé par Jésus, et que Pierre vivra en donnant sa vie pour son Seigneur – le Ressuscité l’en prévient. Amitié restaurée entre eux dans la miséricorde inépuisable du Vivant de Pâques: voilà ce qui fonde la mission de Pierre et de ses successeurs. Voilà qui constitue aussi, du reste, son contenu: à toutes les époques, Pierre n’aura rien d’autre à dire, pour guider la barque de l’Eglise au milieu du monde, que cette infinie miséricorde qui l’a relevé, lui, et qu’il est dès lors capable d’annoncer au monde et de mettre en œuvre dans et avec l’Eglise universelle.
Prions pour la mission de Pierre!

ABBÉ BENOÎT LOBET

Catégorie : Sens et foi

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