Hier, Luc nous disait que les femmes se rendent au tombeau à la pointe de l’aurore. Aujourd’hui, Jean nous dit que c’était encore l’obscurité. Qui a raison? Les deux évidemment. Chez Jean, tout est symbolique.
Le monde est encore dans les ténèbres. Ces ténèbres qui ont recouvert la terre dès ce Vendredi. Le message de Jésus peut être aussi beau, aussi grand, aussi merveilleux… s’il n’est pas vivant aujourd’hui, cela ne sert à rien. Un Jésus mort à jamais met le monde dans l’obscurité.
Alors que faire? Allons trouver Simon-Pierre, l’Eglise autrement dit. Au cœur des ténèbres, notre secours est dans l’Eglise. On en dit beaucoup de mal - et à juste titre parfois - mais c’est chez elle que j’ai reçu le baptême; c’est chez elle que je reçois l’eucharistie qui me nourrit sans cesse; c’est par elle que je reçois l’Esprit d’amour du Père et du Fils.
Alors, comme Marie Madeleine, au cœur de nos obscurités, si tu veux rencontrer le Ressuscité, si tu veux vivre de lui, cours toujours vers l’Eglise: elle refera tes forces.
Voilà que Pierre et Jean courent aussi, mais dans l’autre sens, vers le tombeau, le lieu où Jésus est présent pour eux. - Pierre, c’est l’Eglise hiérarchique. Visiblement, il n’est pas champion de course à pied, et il lui faut du temps pour arriver; Jean, c’est l’Eglise des mystiques et des saints: il est un vrai sprinter; il arrive à Jésus de suite.- Mais ils y vont ensemble et c’est Pierre, arrivé le deuxième, qui entre le premier. Tous les deux cherchent… Notre Eglise n’a pas de réponse aux monstruosités qui peuvent parfois se vivre dans notre monde, mais elle cherche, et elle va chercher sa réponse auprès de Jésus. Cela s’appelle la prière. L’Eglise n’est pas d’abord un "gros machin"; non, l’Eglise est une communauté de priants qui demande au Seigneur son avis.
Si tu veux rencontrer le Ressuscité, discute de tout avec le Seigneur, dans une prière toute simple, comme un ami parle à son ami.
Et la réponse du Seigneur est étonnante: le tombeau est vide. Et c’est devant la vacuité du tombeau que Jean va croire. C’est parce que le Seigneur n’est plus dans le tombeau, que nous devons poser cet acte de foi, qu’il est vivant. Pas de signe extraordinaire pour nous dire la Résurrection si ce n’est un tombeau vide. Le reste, c’est la foi pure. Nous voudrions tant avoir des preuves de la Résurrection, des preuves que toi, Jésus, tu es bien vivant… Mais non, ta réponse est comme un négatif photographique: la mort n’est plus là. Et si le mort n’est plus là, à toi de faire ce pas de géant dans la foi: s’il n’est plus là, c’est qu’il n’est plus mort; c’est qu’il est vivant, qu’il est Le Vivant. Mais rien ne me le prouve; j’y crois.

Voilà notre espérance, voilà notre foi. Nous ne voyons rien que l’absence, mais elle est le signe le plus fort de la présence. Il est vivant et nous sommes des vivants pour l’éternité.
Abbé Pierre HANNOSSET