Pourquoi les crucifix et statues sont cachés par un voile violet pendant la Semaine sainte ?


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Pourquoi les crucifix et statues sont cachés par un voile violet pendant la Semaine sainte ?
Non, ce ne sont pas des travaux en cours, ni même une étrange installation artistique... Ces voiles violets portent une symbolique forte en cette Semaine sainte. ©paroissescathedraletoulouse.fr
Par Clément Laloyaux
Journaliste de CathoBel
Publié le
3 min

Vous l’aurez peut-être remarqué : dans beaucoup d’églises, les crucifix et statues sont recouverts d'un voile violet à l’approche de Pâques. Pourquoi ce voilement ? Que signifie-t-il ? Plongée dans cette tradition ancestrale qui recentre notre regard sur la Passion et prépare nos cœurs à la joie de la Résurrection.

Une privation visuelle pour mieux entrer dans la Passion

Durant la Semaine sainte, l'Église invite les fidèles à se concentrer sur l’essentiel : la Passion du Christ. En recouvrant les croix et statues, elle instaure une privation visuelle qui recentre l’attention sur le mystère de la foi. Le voile violet agit comme un appel au recueillement : il élimine toute distraction pour que la pensée reste tournée vers la Passion du Christ.

Si tout le Carême est un temps de conversion, cette dernière semaine, elle, est spécialement consacrée au souvenir des souffrances du Christ.

À partir de quand voile-t-on les images sacrées ?

La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements indique au sujet du voile :

« Il doit être en tissu violet souple et non transparent, sans aucune broderie, et posé le samedi après-midi avant le 5e dimanche. »

Mais comme vous vous en doutez, les pratiques varient selon les paroisses. Certaines églises recouvrent croix et statues dès le 3e ou 5e dimanche de Carême. D’autres attendent le Jeudi saint, juste après le transfert du Saint-Sacrement au reposoir, marquant le début du Triduum pascal.

Le violet, couleur de pénitence... et de royauté !

Couleur du deuil et de la pénitence, le violet est utilisé en liturgie pendant l’Avent, le Carême, certaines messes votives et les funérailles. C’est aussi une couleur symbolique riche de sens.

Le moine bénédictin de Maredsous, Eugène Vandeur, notait à ce propos :

« Le violet, dont les reflets chatoyants et sombres saturent les yeux, était regardé dans l’antiquité comme la couleur, significative de la royauté, de la puissance, des hautes dignités, de la richesse.
L’Église a transposé plutôt que renversé ce symbolisme, en l’appliquant à la pénitence, à la prière, dans l’affliction, à l’humiliation ; n’est-ce pas là en effet ce qui nous enrichit et nous élève ? »

(Eugène Vandeur, La Sainte Messe, Notes sur sa Liturgie, Abbaye de Maredsous, Belgique, 1937)

Un dévoilement comme révélation

Mais quand retirer les voiles ? Là encore, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements nous donne des précisions:

« Les croix demeurent voilées jusqu’à la fin de la célébration de la Passion du Seigneur, le Vendredi saint, les images jusqu’au début de la veillée pascale. »

En réalité, les voiles violets sont généralement retirés ensemble juste avant ou pendant la Vigile pascale. Certaines paroisses reprennent l'ancienne tradition de le faire lors du chant du "Gloria" de la Veillée pascale. C’est l’instant où l’Église entre dans la joie de la Résurrection : les bougies sont allumées sur l'autel, les cloches sonnent, l'orgue résonne... et les images, statues et crucifix, jusqu'alors occultés, sont dévoilés !

Le geste prend alors une signification forte : ce qui était caché se révèle. La lumière de Pâques éclaire à nouveau les visages du Christ et des saints dans toute leur splendeur. Comme une révélation.

C.L.

Catégorie : Sens et foi

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