Opinion : Education à la foi, il est temps de rappeler le devoir des parents


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Opinion : Education à la foi, il est temps de rappeler le devoir des parents
Par Monique Dehin
Publié le
4 min

Dans notre société pluraliste et sécularisée, l’enseignement de la foi chrétienne est sérieusement fragilisé. Pour Monique Dehin, paroissienne engagée dans le diocèse de Liège, il est l’heure de rappeler aux parents la responsabilité qui est la leur.

L’économie sacramentelle distingue deux sacrements du service de la communion ecclésiale qui sont destinés au salut d’autrui: l’ordre et le mariage. Ainsi, les prêtres sont appelés à tout quitter pour suivre le Christ, ordonnés pour être en son nom pasteurs de l’Eglise et être, pour ceux auxquels ils sont envoyés, le "canal de la grâce". Les époux, pour leur part, sont renvoyés dans leur famille, parmi les leurs, et comme consacrés pour y témoigner de l’Evangile et être levain dans le monde, là où "l’Eglise ne peut être le sel de la terre que par eux".

L’Eglise, famille de familles

Même en ces temps où l’institution est malmenée, la famille reste la cellule fondamentale de la société humaine et, partant, de cette société renouvelée et transfigurée dans le Christ qu’est l’Eglise. Aussi imparfaite qu’elle puisse paraître, toute famille humaine porte en elle quelque chose de l’amour trinitaire qui donne vie dans la diversité et appelle à l’unité. C’est donc à partir de ses réalités singulières, que chaque famille participe à la mission d’Eglise en procurant à ses membres et à ses proches un "bain ecclésial". Ainsi constituée, "famille de familles", l’Eglise s’apparente à une multitude de cellules familiales (communément dites "Eglises domestiques").

En chacune d’elles, les parents ont la responsabilité de tous ceux qu’ils ont enfantés ou accueillis. Il leur appartient de les initier à la vérité, de les éduquer à l’autonomie et de les ouvrir à la grâce afin que, pleinement homme ou femme, chacun d’eux puisse accueillir le don de Dieu, en toute liberté. C’est au sein de ces familles que s’éprouve la vie fraternelle avec ceux qu’on n’a pas choisis mais qui nous sont donnés; c’est là que se reçoit la première annonce de la tendresse divine pour chacun, que s’initie la vie intérieure qui conduit à l’intimité vivifiante avec le Christ dans les sacrements; c’est en famille que se font les premiers pas en Eglise.

Le terreau de l’intelligence

Dans notre société sécularisée, pluraliste et multiconfessionnelle, l’annonce doit plus que jamais reposer sur un enseignement. Or, chez nous celui-ci fait cruellement défaut puisqu’il n’est confié ni à la catéchèse qui privilégie l’ouverture à la spiritualité et la participation aux célébrations en communauté, ni à l’école qui se propose d’interroger les grandes questions de société à la lumière des différentes spiritualités et en regard de la foi chrétienne. Encore faut-il que cela "fasse sens" pour les enseignants dans la mesure où il ne leur est plus toujours demandé d’être baptisés pour professer cette matière.

Grande est l’inquiétude de nombreux auteurs et celle de la plupart des parents qui restent persuadés que l’intelligence, surtout celle des enfants et des adolescents, a besoin d’apprendre moyennant un enseignement religieux systématique. La Foi est, certes, conviction et adhésion profonde en réponse au don d’amour de Dieu; toutefois, elle ne peut ni s’enraciner ni croître sans le terreau de l’intelligence des connaissances et l’ouverture du cœur à la grâce.

Le devoir des parents

C’est dire l’embarras voire le désarroi des parents face à l’absence d’instruction religieuse de leurs enfants. Où ceux-ci peuvent-ils recevoir l’enseignement indispensable à leur intelligence de la vie, à leur soif de connaissance et à leur quête de vérité? Où et quand leur est transmise la foi de l’Eglise? Partout prévalent l’opinion et le ressenti personnel dans la complaisance, au nom du respect de l’autre, sans réelle prise en compte du trésor de la foi. Le devoir des parents chrétiens reste d’éclairer et de guider leurs petits et adolescents dans leur vie spirituelle pour que, devenus adultes, ils soient en mesure d’adhérer librement au message évangélique et à la vie en Eglise.

Voici venu le temps, le Kairos, de rendre aux couples et aux familles chrétiennes l’attention due à leur mission, et de les réengager dans un véritable partenariat éducatif du point de vue religieux. Voilà précisément un des enjeux majeurs de la synodalité. L’éducation religieuse des enfants ne peut rester l’apanage des seuls catéchistes paroissiaux et le casse-tête organisationnel qu’il est actuellement pour la plupart des parents. Il ne peut plus s’agir d’organiser la catéchèse "pour eux et sans eux" mais bien "avec eux". Cela suppose une vraie attention à leurs aspirations et la reconnaissance de leurs initiatives; cela implique une réflexion commune permettant un vrai discernement des buts, des possibilités et des disponibilités.

Un rappel liturgique

En amont, le devoir parental devrait être mieux rappelé dans la liturgie tant lors des mariages que des baptêmes. S’il y est souvent fait allusion à l’occasion de la préparation de ces sacrements, cela n’apparaît guère dans leur célébration. Au mariage, cela pourrait se faire lors de la bénédiction nuptiale et, au baptême des enfants, par la transmission liturgique du Notre Père et du symbole de foi à leur intention. Ne serait-ce pas la meilleure façon de soutenir la vocation des parents, celle de conduire leur enfant à la plénitude de l’initiation chrétienne?
Peregrinans in spem.

Monique DEHIN

(titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction)

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