Les archives des Bollandistes reconnues par l’UNESCO comme « Mémoire du Monde »


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Les archives des Bollandistes reconnues par l’UNESCO comme « Mémoire du Monde »
Les Acta Sanctorum : une encyclopédie des saints d’Orient et d’Occident, patiemment composée depuis le XVIIe siècle.
Par Clément Laloyaux
Journaliste de CathoBel
Publié le
4 min

C’est une nouvelle qui ravira les passionnés d’histoire, de religion et de patrimoine : l’UNESCO a officiellement inscrit les archives des Bollandistes au registre Mémoire du Monde. Ce programme, créé en 1992, vise à protéger et valoriser les documents qui témoignent de la mémoire collective de l’humanité. Il s’agit là de la huitième contribution belge à cette liste prestigieuse.

L’UNESCO a inscrit les archives, gravures et manuscrits exploités par la Société des Bollandistes au registre Mémoire du monde.

Les archives bollandistes rejoignent ainsi des institutions comme les Archives de l’Université de Louvain, ou celles de l’Officina Plantiniana. Cette reconnaissance met en lumière l’importance historique, intellectuelle et scientifique de cette collection exceptionnelle conservée en partie à la Bibliothèque royale de Belgique et à celle des Bollandistes à Bruxelles.

Un projet savant unique au monde

Fondée au XVIIe siècle par des Jésuites belges, la Société des Bollandistes s’est spécialisée dans l’étude critique des vies de saints. Cette entreprise monumentale a donné naissance aux Acta Sanctorum, une encyclopédie en 67 volumes consacrée aux saints d’Orient et d’Occident, fruit d’un patient travail de collecte, de correspondance, de comparaison et d’analyse de manuscrits médiévaux.

Le directeur actuel de la Société, le père Robert Godding, S. J., souligne l'envergure de cette aventure éditoriale, commencée par le Jésuite belge Jean Bolland en 1643 :

« 60 000 pages réparties en 67 grands volumes publiés au long de trois siècles : ces quelques chiffres suggèrent bien l’ampleur des Acta Sanctorum, la plus grande entreprise éditoriale de l’Ancien Régime, gigantesque encyclopédie de tous les saints d’Orient et d’Occident, fournissant pour chacun d’eux, selon une méthodologie rigoureuse, l’édition critique des sources qui nous les font connaître. »

Grâce à l’action de Jean Bolland et de Godfried Henschen, les Bollandistes ont établi une méthode critique pour l’analyse des textes hagiographiques, basée sur l’authenticité des sources, leur contextualisation et leur comparaison. Cette approche marque une avancée conséquente dans l’histoire des sciences humaines.

Au-delà de leur seule valeur religieuse, ces textes offrent encore aujourd'hui une source importante pour l’étude des mentalités, des pratiques religieuses populaires, des contextes socio-économiques et politiques à travers les siècles. En effet, les récits de miracles, les pèlerinages, les famines, les épidémies, ou encore l’organisation territoriale y sont documentés.

À ce travail monumental s’ajoute un impressionnant corpus de près de 300 recueils d’archives, des centaines de manuscrits, quelque 700 plaques de cuivre gravées (ayant servi à l’impression des illustrations dans les Acta Sanctorum), et de nombreuses correspondances savantes échangées à travers l’Europe.

Une reconnaissance mondiale saluée en Belgique

L’inscription des archives bollandistes au registre Mémoire du Monde est perçue comme un couronnement pour cette tradition érudite toujours vivante. Le père Robert Godding s’en réjouit :

« C’est cet ensemble unique que l’Unesco vient d’inscrire au registre “Mémoire du Monde”, ce qui en souligne l’exceptionnelle importance. [...] La Société des Bollandistes [...] est fière de cet honneur et s’engage à tout mettre en œuvre pour une conservation, une mise en valeur et une diffusion optimales de cet extraordinaire patrimoine. »

De son côté, la ministre-Présidente de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Elisabeth Degryse, a également salué cette reconnaissance :

« Je suis particulièrement fière et heureuse de saluer la reconnaissance que vient d’accorder l’UNESCO, au titre de Mémoire du Monde, au travail mené par les Bollandistes. Depuis le début du XVIIe siècle, ils accomplissent une œuvre pionnière d’une haute valeur historique et scientifique. Le patrimoine documentaire qu’ils ont contribué, de manière déterminante, à préserver constitue une contribution majeure au patrimoine de l’humanité. C’est une juste reconnaissance pour l’une de nos plus brillantes sociétés savantes. »

Une visibilité accrue pour un patrimoine vivant

Cette inscription à un registre mondial donne un coup de projecteur international sur les Collectanea Bollandiana, renforçant les efforts de numérisation et de conservation de ces documents uniques. Elle confirme également que ce patrimoine, tout en étant ancré dans le passé, continue d’être une ressource essentielle pour la recherche contemporaine en histoire, théologie, philologie et sciences humaines.

La reconnaissance papale

Déjà en septembre dernier, la Société des Bollandistes avait bénéficié d’une reconnaissance d’exception: celle du pape François ! Lors de son passage à Bruxelles, un samedi soir, le souverain pontife s’était entretenu avec des Jésuites, avant de se rendre, dans la foulée de cet échange, pour une visite impromptue mais symboliquement forte, à la fascinante bibliothèque des Bollandistes. "Il est entré par la grande porte, qu’on n’ouvre qu’une fois tous les vingt ans", confiait alors un témoin de la scène.

Clément LALOYAUX avec communiqués

Catégorie : Belgique

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