La Communauté de l'Emmanuel annonce qu'une visite apostolique aura prochainement lieu en son sein, apprend-on d'un courrier adressé aux 13 000 membres. Le modérateur général de l'Emmanuel, Michel-Bernard de Vregille, réclamait depuis plusieurs mois une aide extérieure, estimant qu'"il est devenu nécessaire de revisiter nos modes de fonctionnement".
"Chers frères et sœurs, je tenais par ce message à vous communiquer personnellement une information importante concernant notre communauté." C'est par ces mots que s'ouvre la lettre adressée ce 6 mars 2025 aux quelque 13 000 membres de la Communauté de l'Emmanuel. L'association publique de fidèles, reconnue par le Saint-Siège depuis 1992, annonce qu'elle va prochainement faire l'objet d'une "visite apostolique".
Dans un souci de transparence, le modérateur général de la communauté, Michel-Bernard de Vregille, a tenu à détailler les raisons qui ont conduit au déclenchement de cette visite apostolique.
La Communauté de l'Emmanuel : Un "gros bateau" !
"Avec près de 13 000 membres dans le monde entier, la Communauté de l’Emmanuel est devenue un gros bateau, explique le modérateur général de l’association de droit pontifical. Nous sommes confrontés à de nombreux enjeux internes : la croissance de la Communauté, les réalités internationales très différentes, la nécessité d’inculturation du charisme et la complexité de notre organisation. La Communauté doit absolument se préparer pour l’avenir à répondre en Église aux défis de notre temps."
Loin d’être imposée ou inopinée, cette visite apostolique apparaît donc, dans cette lettre, comme l’aboutissement naturel d'une réflexion de longue date sur l’organisation et le fonctionnement de l’Emmanuel. Ce processus de discernement a pris un tournant majeur en juillet 2024, lors d’un séminaire d’été où les instances de gouvernement de la communauté ont pris à bras le corps cet épineux dossier de la gouvernance.
"Ce séminaire a permis de constater qu’il est devenu nécessaire de revisiter nos modes de fonctionnement, rapporte Michel-Bernard de Vregille. Il a mis en évidence des différences d’appréciation entre membres des conseils dans l’analyse et sur les améliorations qui pourraient être envisagées."
Suite à ce séminaire, quatre groupes de travail ont été créés, portant sur l’internationalité dans la communauté, la pastorale des jeunes, le rôle du modérateur et sur l’articulation des instances.
Une aide du Vatican réclamée par l'Emmanuel
Parallèlement à cela, le conseil international et le modérateur général de l'Emmanuel ont écrit au cardinal Jean-Marc Aveline, assistant ecclésiastique de la communauté, pour demander l’aide et le conseil de l’Église. "Des rencontres ont eu lieu avec lui ainsi qu’avec le cardinal Kevin Farrell, préfet du dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, dont nous dépendons", relate Michel-Bernard de Vregille.
Au vu des éléments présentés, le cardinal Farrell a aujourd'hui estimé qu’une visite apostolique constituait "la voie la plus adaptée pour répondre à la demande d’aide extérieure formulée par le modérateur général et le conseil international."
En quoi consistera la visite apostolique ? Et combien de temps va-t-elle durer ?
Dans l'Église catholique, plusieurs types de "visites" existent, chacune ayant un but spécifique. La visite canonique ou pastorale est menée par un prêtre ou un évêque sur son territoire, pour encourager et accompagner la vie pastorale. Dans un cadre religieux, on utilisera de préférence l'expression "visite canonique". Réalisée par les responsables de l’ordre ou de l’institut religieux concerné, par exemple l’abbé général d’une congrégation, elle vise à s’assurer de son bon fonctionnement. Elles sont comme un audit interne.
Enfin, la visite apostolique, comme celle qui concerne la communauté de l’Emmanuel, est une démarche exceptionnelle décidée par le Saint-Siège. Elle intervient lorsqu’une situation nécessite un regard extérieur, une évaluation approfondie ou un accompagnement spécifique. Cette forme extraordinaire de visite arrive notamment lorsque Rome reçoit des plaintes pointant des problèmes de gouvernance, d’abus ou autres. Attention que dans ce cas-ci, il n'est nullement fait mention d'affaire d’abus.
La visite est alors confiée à un ou plusieurs visiteurs apostoliques mandatés par Rome, qui enquêtent, recueillent des témoignages et rendent compte directement au Vatican, pouvant aboutir à des recommandations, des mesures adaptées voire même des sanctions pour aider la communauté à avancer.
Le modérateur général de la communauté de l'Emmanuel précise dans sa lettre que la mission pourrait durer "de trois mois à un an", répondant à un mode d'accompagnement "qui tend à se généraliser et à devenir plus fréquent". Les visiteurs apostoliques seront amenés "à observer et analyser la situation pastorale, administrative et financière, vérifier si la vie spirituelle, morale et communautaire est saine, écouter les responsables et des membres de la communauté mais aussi des personnes qui travaillent avec la communauté, notamment des évêques et des témoins extérieurs", détaille-t-il.
Ce travail des visiteurs doit déboucher sur "un rapport détaillé et confidentiel destiné au pape et au dicastère qui les a missionnés".
La visite est actuellement en cours de préparation, et la communauté promet de tenir ses membres informés de sa mise en oeuvre. "Je rends grâce à Dieu pour cette décision qui permettra un accompagnement soutenu de notre communauté dans cette étape importante pour son avenir" conclut le modérateur général.
👉 Retrouvez ici le communiqué de l'Emmanuel dans son intégralité
Clément LALOYAUX
