"Vends maison 4 pièces 539 m2 - 362 500 €. Église idéalement située d’environ 539 m2 offrant de multiples possibilités." Voici le texte publié sur le site de petites annonces leboncoin.fr pour la vente de l’église Saint-Edouard de Lens. Une annonce qui a choqué en France.
Comme en Belgique, la mise en vente des églises est un sujet sensible outre-Quiévrain. Mais ici, c’est surtout la manière avec laquelle la vente de cet édifice lensois a été présentée qui a suscité le débat.
"Vends maison 4 pièces 539 m2 - 362 500 €. Église idéalement située d’environ 539 m2 offrant de multiples possibilités. Laissez libre cours à votre imagination pour ce bien très rare à la vente." Voici la drôle d'annonce que des internautes ont pu découvrir, début mars, sur le site de vente entre particuliers Leboncoin. De quoi susciter l'indignation de nombre de catholiques français et de certains médias. Devant plus d'un million de téléspectateurs, l'animateur Cyril Hanouna a ainsi qualifié la démarche de "catastrophique": "Une église ce n'est pas un bâtiment comme un autre !".
Face à ce retentissement national, le quotidien le Figaro a recueilli les réactions des ecclésiastiques locaux : "C’est l’agence immobilière à qui le diocèse a confié la vente qui a pris l’initiative de publier sur Leboncoin. Ce n’est pas une idée très ajustée", confie Jean-Marie Rauwel, curé de la paroisse. Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras, comprend l'incompréhension suscitée par la mise en vente d’un lieu de culte sur un site de bonnes affaires : "Derrière une église, il y a un patrimoine, une histoire. C’est un symbole", s'excuse-t-il dans les colonnes du même journal.
"La foi ne se réduit pas à une église"
Sur le fond, l’Église locale assume pleinement la vente. La paroisse et le diocèse d'Arras ont été contraints de se séparer du bâtiment, faute de moyens. L'église ne rassemblait plus qu’une poignée de fidèles et son entretien coûtait trop cher. "On ne peut pas chauffer une église pour 10 personnes", explique le père Rauwel. De fait, cela faisait déjà un an que la messe n'était plus célébrée à Saint-Édouard. Pour l'anecdote, une cagnotte en ligne pour sauver l'édifice religieux n’a récolté que… 10 euros.
Pour redonner vie à la communauté religieuse, Mgr Leborgne estime qu'il faut désormais resserrer les forces, "en se regroupant autour d'oasis" : "Et à Lens, ça marche !", assure-t-il. "Il y a des églises pleines tous les dimanches et un nombre record de catéchumènes".
S’il entend les critiques des fidèles opposés à la vente, il leur répond de façon assurée : "Si vous préférez les pierres aux frères, on est mal partis." À La Voix du Nord, l'évêque d'Arras ajoute : "Je ne suis pas là pour dilapider l’argent des fidèles dans des bâtiments vides." Et il dénonce l’emballement médiatique : "Ceux qui se plaignent qu’on vende l’église n’y mettaient sans doute jamais les pieds. Ils voient ça comme un emblème, mais la foi ne se réduit pas à une église."
En France, environ 10 à 15 églises sont mises en vente ou désacralisées chaque année, sans pour autant provoquer un tel tollé médiatique.
Enfin, si l’achat vous tente, sachez qu’outre un classement patrimonial à l’Unesco interdisant toute modification de la toiture, de la façade et d'architecture intérieure, plusieurs clauses seront inscrites à l'acte de vente. Il sera notamment interdit d'y exercer une activité contraire à la morale, comme un débit de boissons, une discothèque ou des jeux de hasard.
C.L. avec Le Figaro