Cameroun: 188 églises nouvelles «illégales» fermées


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Cameroun: 188 églises nouvelles «illégales» fermées
Le gouvernement camerounais a fait fermer 188 églises du réveil. © rbairdpccam/Flickr/CC BY-NC 2.0 via cath.ch
Par Cath.ch
Publié le
2 min

Les autorités camerounaises ont fait fermer 188 églises de réveil à Yaoundé, la capitale, notamment pour "nuisance sonores" et "extorsion des fidèles». La décision fait suite à un avertissement lancé en décembre 2024 alors que le Cameroun compte trois millions de fidèles à ces églises nouvelles.

«Ces églises qui s’installent de gauche à droite, je leur dis: commencez à plier bagages», a déclaré avec force, Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale (MINAT). Il s’exprimait lors d’une conférence de presse le 9 décembre dernier, appelant au respect des lois du pays.

Quelques mois auparavant, en juillet, le MINAT avait ordonné aux chefs de village, de quartiers et de blocs, ainsi qu’aux services de renseignements, des enquêtes sur les églises nouvelles, leurs promoteurs, et leurs activités, a rapporté le correspondant sur les ondes de Voice of America (VOA), la radio internationale des Etats-Unis.

Les enquêtes ont révélé que le seul arrondissement de Yaoundé IV, situé au cœur de la capitale, comptait 615 chapelles et paroisses. Cette prolifération est soutenue par des «dérives, allant jusqu’à l’extorsion des fidèles» auxquelles s’ajoute «la nuisance sonore», principale préoccupation des riverains de ces églises de réveil, a déclaré à VOA le responsable administratif, d’un bloc.

Trois millions de fidèles des églises nouvelles

Selon les estimations officielles, le Cameroun compte plus de trois millions de fidèles des églises nouvelles, sur une population totale de 28,3 millions d’habitants. Depuis 2006, le gouvernement camerounais lutte contre la prolifération des ces églises dans le pays. En 2008, les autorités avaient reconnu 81 associations, Eglises chrétiennes et institutions religieuses, dont 46 Eglises protestantes et pentecôtistes, qui menaient des activités conformes à la loi.

Le phénomène des sectes chrétiennes a pris une ampleur grandissante, à partir de 1994, à cause de la dévaluation du franc CFA, monnaie commune du Cameroun et d’une dizaine d’autres pays d’Afrique. Cette dévaluation avait provoqué beaucoup de difficultés économiques pour les pays africains, poussant les populations vulnérables, dans les bras des prêcheurs de tout acabit.

«L’accusation de ne pas disposer d’autorisation officielle paraît tout aussi hypocrite, quand on constate l’impossibilité structurelle d’obtenir ces fameux décrets», a notamment souligné 237online. Et de s’interroger: «Comment reprocher aux Eglises de réveil leur ‘illégalité’ quand, depuis 1998, aucune des nombreuses demandes introduites n’a prospéré?», relevant que «l’Eglise catholique continue d’exercer sans entrave, malgré certaines positions controversées, tandis que les Témoins de Jéhovah poursuivent leurs pratiques sans être inquiétés, même lorsque celles-ci peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la santé de leurs fidèles».

Ibrahima Cisse pour cath.ch

Catégorie : International

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