Comme le veut la tradition, le Roi a adressé ce matin ses vœux aux "corps constitués", soit les autorités politiques, juridiques, économiques et académiques du pays. Philippe a glissé quelques messages politiques, notamment à l'adresse de Bart De Wever, présent au Palais, et son gouvernement Arizona, fraîchement constitué.
"Près de huit mois après les élections du 9 juin, la nouvelle équipe fédérale est enfin prête à se mettre au travail" se réjouit d'emblée le Roi, dont le "enfin" ne laisse planer aucun doute. "Le pays attendait ce moment avec impatience" renchérit-il.
Le "blocage" politique à Bruxelles
Philippe regrette que ce ne soit pas encore le cas en Région Bruxelloise, "où les négociations sont aujourd’hui au point mort". Bruxelles, capitale de l'Europe, doit être "un carrefour, pas une impasse" assure-t-il. "Elle ne doit pas devenir symbole de blocage". Le pensionnaire du château de Laeken n'a néanmoins pas de doute sur la capacité des élus bruxellois à "trouver des chemins de convergence (...) pour le bien des habitants de la Région et l’image de notre pays".
Un appel au compromis
La formation du gouvernement Arizona a suscité moult réactions et craintes, dans les secteurs humanitaire, syndical, de l'enseignement... Sans y faire explicitement allusion, le Roi rappelle que "la Belgique s’est construite sur le dialogue continu et le compromis, un modèle où le plus fort ne cherche pas à s’imposer à tout prix au détriment de l’autre, où la recherche du bien commun reste la règle de conduite première et la base de la vie politique".

Visiblement conscient des querelles politiques à venir, le roi Philippe met aujourd'hui en garde sur la manière dont les mandataires interagissent entre eux : "Les divergences d’opinions nourrissent le débat démocratique pour autant qu’elles ne deviennent pas des querelles stériles, où chacun campe sur ses positions." Autrement, la confiance que les citoyens ont en la classe politique pourrait en pâtir...
Défendre ses convictions, c’est l’essence même de la politique. Mais dans un système pluraliste, fondé sur la formation de coalitions, la recherche du compromis l’est tout autant.
La Belgique : un rôle à jouer dans la réindustrialisation de l'Europe
Dans son discours, le roi Philippe appelle les petites et moyennes entreprises du royaume à exploiter les possibilités qu’offre l’intelligence artificielle, "qui va révolutionner notre productivité et transformer le marché du travail, mais également notre enseignement et les soins de santé".
Abordant ensuite la politique industrielle de l'Union européenne, le Roi assure que la Belgique "peut jouer un rôle-clé" dans la réindustrialisation de l'Europe : "Prenons, par exemple, l’économie circulaire. Nos réalisations en matière de recyclage sont reconnues. Cette spécialisation nous positionne pour développer de nouvelles industries et innover dans la durabilité". Avec, au bout du compte, des emplois à la clé.
Pour Philippe, la prospérité de notre pays passe par "des investissements ambitieux" dans des projets qui relient recherche et industrie "comme le programme spatial européen, le télescope Einstein ou les technologies nucléaires innovantes".
Une attention particulière aux plus précaires
Si le Roi a évoqué les perspectives économiques et industrielles, il n’a pas manqué de rappeler que la prospérité d’un pays se mesure aussi à l’attention qu’il porte aux plus vulnérables. "La Reine et moi recevons, à travers les requêtes qui nous sont adressées, de nombreux témoignages sur la précarité qui sévit notamment dans les grandes villes", confie-t-il, appelant à une action coordonnée pour améliorer l’aide sociale, la propreté, la sécurité et la lutte contre les addictions. Il dénonce également "les agressions inacceptables" visant les services de secours et l’autorité publique.
OTAN : "La Belgique doit faire sa part"
Le Roi a aussi évoqué la situation de l’Europe après le retour de Donald Trump au pouvoir et l’invasion russe de l’Ukraine : "Notre continent européen, longtemps un havre de paix et de prospérité, est aujourd’hui menacé, tant sur le plan économique que militaire. La défense de nos territoires et de notre mode de vie est une responsabilité commune à tous les Etats membres de l’Union européenne, car la sécurité est le fondement premier de toute liberté."
Il appelle dès lors à "renforcer les capacités de défense" de l’Europe. "La Belgique devra faire sa part vis-à-vis de ses alliés européens et de l’OTAN" conclut-il sur ce point.
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Clément LALOYAUX