« Ne dépassez jamais dix minutes » : le pape François fustige ceux qui prêchent trop longtemps


Partager
« Ne dépassez jamais dix minutes » : le pape François fustige ceux qui prêchent trop longtemps
"Nous voyons parfois des hommes qui, lorsque le sermon commence, sortent fumer une cigarette et reviennent ensuite" déplore François. © Vatican Media
Par Clément Laloyaux
Journaliste de CathoBel
Publié le
4 min

Au cours de l’audience générale de ce mercredi 4 décembre, le pape François a rappelé les deux attitudes à cultiver pour prêcher l'Evangile : d'abord la prière, pour demander l’Esprit Saint, ensuite une prédication courte, centrée non pas sur soi-même mais sur le Seigneur Jésus.

Ce mercredi matin, lors de l'audience générale, François a consacré sa catéchèse à "l'œuvre évangélisatrice de l'Esprit Saint", c'est-à-dire le rôle de l'Esprit Saint dans la prédication de l'Église.

Devant la foule de fidèles réunis place Saint-Pierre, il a commencé par mentionner la Première Lettre de Saint Pierre, qui définit les apôtres comme "ceux qui ont annoncé l'Evangile par l'Esprit Saint" (cf. 1,12).

"Dans cette expression, nous trouvons les deux éléments constitutifs de la prédication chrétienne : son contenu, qui est l'Evangile, et son vecteur, qui est l'Esprit Saint" a souligné le Pape, avant d'aborder chacun de ces deux éléments.

"Le kérygme, le coeur de l'annonce, doit être au centre de l’activité évangélisatrice"

D’abord, le Saint-Père a fait remarquer les deux sens du mot "Evangile". Il peut s’agir de l’un des quatre Evangiles canoniques, écrits par Matthieu, Marc, Luc et Jean. Dans ce cas-ci, "l'Evangile signifie la bonne nouvelle proclamée par Jésus durant sa vie terrestre".

Le second sens de ce mot, qui se déploie après Pâques, recouvre "le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ". C’est à partir de ce second sens que le Pape met en garde contre une erreur dénoncée par saint Paul, "faire passer la loi avant la grâce et les œuvres avant la foi". Au contraire, il convient de toujours "repartir de la proclamation de ce que le Christ a fait pour nous", c’est-à-dire le kérygme, le cœur de l’annonce.

Le kérygme, l'annonce de la mort et de la résurrection du Christ, "doit être au centre de l’activité évangélisatrice et de tout objectif de renouveau ecclésial", selon François. En effet, pour lui, cette annonce est première parce qu’"elle est l’annonce principale, celle que l’on doit toujours écouter de nouveau de différentes façons et que l’on doit toujours annoncer de nouveau durant la catéchèse sous une forme ou une autre".

Rien d’autre ne doit primer sur cette annonce, même "une formation qui prétendrait être plus “solide”", car "il n’y a rien de plus solide, de plus profond, de plus sûr, de plus consistant et de plus sage que cette annonce".

L’Esprit Saint, vecteur de l’annonce chrétienne

Après avoir passé en revue le contenu de la prédication chrétienne, le Pape aborde ensuite le vecteur de l'annonce. "L'Evangile doit être prêché « par l'Esprit Saint » (1 P 1,12)" rappelle-t-il. "Prêcher avec l'onction de l'Esprit Saint signifie transmettre, en même temps que les idées et la doctrine, la vie et la conviction de notre foi. Cela signifie s'appuyer non pas sur « les discours persuasifs de sagesse, mais sur la manifestation de l'Esprit et de sa puissance » (1 Co 2,4), comme l'écrivait saint Paul".

Très bien, mais une question cruciale se pose alors : Comment vivre cette réalité dans la prédication, si l'action de l'Esprit Saint ne dépend pas de nous, mais de sa libre initiative ?

A cela, le Pape répond qu'il y a malgré tout deux choses qui dépendent bel et bien de nous : "La première chose qui dépend de nous est de prier. Afin que vienne l’Esprit Saint. La seconde est de ne pas vouloir nous prêcher nous-mêmes, mais Jésus le Seigneur (cf. 2 Co 4,5)."

Et sur ce point, il a des choses à (re)dire...

"Il y a parfois de longs sermons : 20 minutes, 30 minutes…"

Au sujet de la prédication, il déplore que certains sermons s'éternisent, durant parfois "20 minutes, 30 minutes...". Soutenu par des salves d'applaudissements, il rappelle que "les prédicateurs doivent prêcher une idée, une émotion et une incitation à l'action".

Au-delà de huit minutes, la prédication s'estompe, elle n'est pas comprise.

"Nous voyons parfois des hommes qui, lorsque le sermon commence, sortent fumer une cigarette et reviennent ensuite" regrette François. "S'il vous plaît, le sermon doit être une idée, une émotion et une proposition d'action, martèle-t-il une nouvelle fois, c'est très important !" Pour lui, la prédication ne doit jamais dépasser 10 minutes.

Deuxièmement, le Pape exhorte à "ne pas nous prêcher nous-mêmes, mais à prêcher le Seigneur". Pour illustrer cette exigence, il propose une application concrète : "Ne pas vouloir se prêcher soi-même implique de ne pas toujours privilégier les initiatives pastorales promues par nous et liées à notre propre nom, mais de collaborer volontiers, si on nous le demande, à des initiatives communautaires, ou qui nous sont confiées ainsi par obéissance."

En bref : Ne pas se prêcher soi-même, c'est privilégier l'œuvre commune plutôt que ses propres projets.

Clément LALOYAUX avec Vatican News


Dans la même catégorie