Couleurs vives et sons discordants : La cérémonie de réouverture de Notre-Dame fait réagir !

La réouverture de Notre-Dame de Paris a enflammé les réseaux sociaux entre, d'un côté, l'émerveillement quasi unanime devant ce symbole restauré, de l'autre, les moqueries sur les tenues liturgiques colorées et les improvisations audacieuses des organistes.

Ce samedi 7 décembre, la cathédrale Notre-Dame de Paris a été solennellement rouverte après les trois coups de crosse donnés par l’archevêque sur les grandes portes en bois.

Un discours dans la cathédrale

S’en est suivie une cérémonie au cours de laquelle Emmanuel Macron a pris la parole… à l'intérieur de la cathédrale ! Ce choix a suscité de nombreuses interrogations sur les réseaux sociaux, alimentant des doutes sur le respect du principe de séparation entre l’Église et l’État.

En réalité, le discours était initialement prévu sur le parvis de la cathédralee. Toutefois, les conditions météorologiques défavorables annoncées pour la soirée du 7 décembre en Île-de-France ont contraint à cette réorganisation de dernière minute.

Parlant de “transmission”, d’"espérance" et de "fraternité", le président de la République n’a, dans son discours, pas lésiné sur le vocable chrétien: "Notre-Dame nous dit combien le sens et la transcendance nous aident à vivre dans ce monde...". De quoi inspirer ce commentaire de l’abbé Eric de Beukelaer sur X: "Quand la France laïque se redécouvre fille aînée de l’Eglise…"

Sur les réseaux, les félicitations et hommages ont afflué de part et d’autre de l’échiquier politique: "Paris retrouve enfin son cœur battant" s'est réjouie la maire PS de Paris, Anne Hidalgo ; "L’âme française a triomphé des flammes" a écrit Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur démissionnaire (LR) ; "La France est pleinement elle-même quand elle est ancrée dans ses racines chrétiennes, fière de son identité nationale" a également commenté Jordan Bardella (RN). 

Des choix contestés

Si la cérémonie a émerveillé 7,23 millions de téléspectateurs (!), les tenues liturgiques quadricolores portées par le clergé parisien ont suscité nombre de commentaires caustiques: "J’imaginais quelque chose de raffiné et gracieux, pas du Walt Disney", "Ils font penser aux Incas dans Tintin et le temple du soleil!", "Ça va trop loin votre marketing, Lidl!". Lidl France a bien entendu sauté sur l'occasion :

Un prêtre de la Communauté de l'Emmanuel va jusqu'à comparer les couleurs choisies avec le logo Google :

Les capes portées par l'archevêque et les concélébrants arborent des blocs de couleurs vives et éclatantes. Ce style, connu sous le nom de « color block » -évoquant chez certains les toiles de Mondrian- est l'œuvre du couturier Jean-Charles de Castelbajac, maître en la matière et fervent catholique.

La prédominance du rouge, du jaune et du bleu dans ces tenues résulte d'un choix symbolique réfléchi. Selon le diocèse de Paris, le rouge représente « la couleur du sang versé par amour pour le Christ et les martyrs, ainsi que celle du feu de l’Esprit Saint ». Le jaune, quant à lui, est une teinte festive, tandis que le bleu est associé à la Vierge Marie.

Les critiques se sont ensuite abattues sur les interprétations à l'orgue des quatre organistes chargés de son réveil : "cacophonie", "musique de film d’horreur", "mes oreilles saignent"…

La magie des réseaux sociaux est que, face à ces moqueries, certains répondent avec savoir et sagesse. Ainsi, sur X, le critique musical Renaud Machard, explique que " le langage dissonant/consonant utilisé lors de ces interprétations reflète la situation de la cathédrale Notre-Dame de Paris, passée du chaos à la lumière ".

Une affirmation -implicitement- corroborée par Mgr Ulrich en personne puisque, lorsqu'il a invité le grand orgue de la cathédrale à se réveiller, lui-même a proclamé : "Notre-Dame a connu les ténèbres, elle retrouve la lumière". Avant de voir l'orgue lui répondre de sa superbe :

Non à la tentation du fatalisme ! Oui à la force du dépassement !

Sur Facebook, le philosophe Emmanuel Tourpe déplore les "mille horreurs" lues sur la cérémonie d’ouverture de Notre-Dame: "J’ai mesuré à quel point nous pouvons être étroits, méchants, vulgaires, pointilleux, haineux, médiocres." Tout ça, rappelle-t-il, pour "un goût différent en matière de chasuble, de crosse ou de répertoire d’orgue"…

Même son de cloches du côté de Michel Cool, journaliste et écrivain français, qui à ces critiques préfère souligner le dépassement de soi des quelque 2.000 artisans, historiens, architectes qui ont rebâti Notre-Dame : "Incrédules aussi nous étions sur le pari lancé de la reconstruire en cinq ans. Pari tenu. Défi relevé. La force du dépassement apparient à celles et ceux - plus nombreux qu’on nous le dit! - qui savent dire non à la tentation du fatalisme, au déni de l’espérance humaine et pour les croyants, à la grâce de s’abandonner à la liberté de Dieu."

Et c'est ce que beaucoup retiendront au final: Notre-Dame, un symbole de renouveau pour tous !

Clément LALOYAUX