En 2024, nous célébrons les 60 ans du rétablissement du diaconat permanent par le Concile Vatican II. Ce ministère, bien que connu chez nous, ne l’est pas partout et est encore entouré de nombreuses confusions. Décryptages lève le voile sur certains aspects de ce ministère unique dans l’Église.
Lors de l’émission Décryptages, Serge Maucq, prêtre diocésain et dominicain, et Vincent Delcorps, rédacteur en chef de CathoBel, ont partagé leurs réflexions sur ce qu’est aujourd’hui le diaconat permanent. Quels sont les défis et les particularités de la vocation choisie par ces hommes qui vouent leur vie au service des autres dans la Foi sans pour autant devenir prêtre ?
Une vocation au service
Le diaconat permanent a été rétabli en 1964 avec Lumen Gentium, qui précise que les diacres sont ordonnés « non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du service ». Serge Maucq nous rappelle d’ailleurs que ce ministère trouve ses racines dès les premiers temps de l’Église, évoquant les sept diacres désignés dans les Actes des Apôtres pour assister les prêtres, notamment dans le service des tables, c’est-à-dire de la charité et de la liturgie.
Aujourd’hui, les diacres permanents sont principalement présents en Europe et en Amérique du Nord. Ils jouent un rôle d’interface entre l’Église et le monde, souvent dans un contexte professionnel et familial. Vincent Delcorps souligne : « Le diacre est une figure privilégiée de lien entre l’Église et le monde. »
Une figure encore mal comprise
Malgré son histoire et sa mission bien définies, le rôle du diacre demeure ambigu dans de nombreux diocèses. Serge Maucq déplore : « C’est une figure qui est pour le moment très confuse. J’ai un jour posé une question et on m’a dit qu’on n’ordonnait plus de diacres parce qu’on ne savait plus quoi leur donner à faire. »
Cette confusion est accentuée par une certaine méconnaissance de ce ministère. Si les diacres peuvent célébrer des baptêmes, accompagner des mariages ou diriger des funérailles, ils ne peuvent célébrer l’Eucharistie ni administrer tous les sacrements. Pour Vincent Delcorps, « il y a une vraie complémentarité entre ces deux rôles et je crois qu’il faut insister là-dessus plutôt que d’entretenir une forme de confusion ».
La vocation et la vie familiale
Un aspect particulier du diaconat permanent réside dans son impact sur la vie familiale. Lorsque le candidat est marié, son discernement implique l’accord de son épouse. « Cet appel peut être personnel, mais il ne pourra se concrétiser que si l’épouse est pleinement d’accord », note Vincent Delcorps. Les épouses, souvent très impliquées, suivent la formation de leur mari et se sentent liées à sa mission.
Cependant, un candidat célibataire s’engage à le rester. Tout comme les prêtres mariés dans les Églises byzantines, par exemple, le diacre permanent est soit marié lors de son ordination, soit il fait le choix du célibat, tout comme les prêtres de l’Église romaine.
À 60 ans, le diaconat permanent reste un ministère aux multiples facettes, oscillant entre service, liturgie et engagement social. S’il est parfois sous-estimé, il continue de répondre aux besoins de l’Église et des communautés en quête de présence et d’accompagnement.