Ce dimanche 17 novembre, François a convié à sa table 1.300 personnes en situation de précarité. Lors de ce déjeuner spécial, offert par la Croix-Rouge italienne, les invités ont pu confier au Pape leurs histoires de vie, mêlant épreuves tragiques et galères du quotidien.
Pertes d’emplois, désastres familiaux, problèmes relationnels...
Se retrouver sur le trottoir à mendier pour s'en sortir heure après heure, sans pouvoir se projeter dans l’avenir...
Voilà autant de situations de désespoir qu'ont vécues les personnes rassemblées le dimanche 17 novembre dans la salle Paul VI, réunis pour un repas à l'occasion de la Journée mondiale des pauvres.
Le déjeuner spécial offert aux 1 300 invités accueillis par le pape François a été pris en charge par la Croix-Rouge italienne, avec environ 340 bénévoles qui ont servi le repas.
Au cours de l'Angélus, juste avant le début du déjeuner, le pape François a rappelé que ce dimanche 17 novembre marquait la Journée mondiale des pauvres, dont le thème de cette année est «La prière du pauvre s'élève jusqu'à Dieu» (Siracide 21,5). Il a ajouté que nous pouvons tous nous poser ces questions: « Est-ce que je me prive de quelque chose pour le donner aux pauvres ? Quand je fais l'aumône, est-ce que je touche la main du pauvre et est-ce que je le regarde dans les yeux ? Frères et sœurs, n'oublions pas que les pauvres ne peuvent pas attendre !
Le cardinal Konrad Krajewski, aumônier du pape et préfet du dicastère pour le service de la charité, qui a organisé le banquet, a expliqué aux médias du Vatican pourquoi le pape François ne se lasse pas de répéter ce geste annuel : tout simplement pour suivre l'exemple de Jésus, « pour rendre leur dignité aux personnes ».
Avoir un endroit où dormir aide beaucoup
Les 1.300 invités sont assis autour de grandes tables circulaires, rappelant celles de l'Assemblée synodale. Dans cette salle Paul VI, se partage le pain, mais aussi la parole. Car partager le pain permet également d’échanger avec ceux qui vous entourent. Certains sont plus réservés et timides, d'autres plus volubiles et ouverts. Au centre, se dresse une table rectangulaire avec des compositions florales simples. Ce sera celle du Pape qui, dès son arrivée au repas, est entouré de mères qui lui tendent leurs bébés pour qu'il les bénisse.
«C'est une grande émotion», dit un homme de Palerme, résident au palais Migliori, le foyer pour sans-abri, à deux pas de Saint-Pierre, voulu par le Pape. «Un palais de nobles où je me sens petit», confie-t-il. Il avait un travail et une famille : une femme et une fille malheureusement décédées dans un accident. Récemment victime d’un accident vasculaire cérébral, la Communauté de Sant'Egidio l'a sorti de la rue qu'il fréquentait depuis de longues années. «En remerciant le Pape et le cardinal Krajewski, on peut dire que maintenant, moi aussi, j'ai une maison et une famille. Avoir un endroit où dormir vous aide aussi à faire quelque chose pour l'avenir». L'homme souhaite d'abord se rétablir, puis chercher un emploi. Il a été jardinier et maçon, et «n'importe quel travail suffit».
Pauvres et immigrés, une main tendue contre l'égoïsme
Pendant que la fanfare de la Croix-Rouge italienne (CRI) joue de la musique sur scène pour animer le déjeuner, un Albanais raconte son arrivée à Potenza, dans le sud de l'Italie. Aujourd'hui, il réussit à exercer un métier assez stable, celui de menuisier. «Au début, c'était très difficile», mais peu à peu, «je me suis habitué. Je suis arrivé il y a déjà huit ans, lors de la première édition de cette Journée. J'étais alors à la même table que le Pape, et j'ai maintenant la chance de revenir. C'est un saint homme, le Pape».
À la question de savoir comment il perçoit le regard porté sur les immigrés, il affirme: «Il y a beaucoup d'égoïsme, beaucoup d'arrogance, voire du racisme pur et simple. Opprimer une personne est un péché aux yeux de Dieu. Pourtant, il y a des gens qui le font, soit pour des intérêts économiques, soit pour le pouvoir, ils renvoient les gens».
Pendant ce temps, le vice-président et représentant des jeunes de la CRI, (plus de 30.000 actuellement dans le pays), sert le repas avec plus de 300 collègues: "Les jeunes sont très participatifs", explique-t-il, "et il n'est pas toujours vrai qu'ils aiment paresser sur le canapé, indifférents à l'appel des besoins des plus fragiles".
La guerre appauvrit encore plus
Une femme des Abruzzes a perdu son père en 1944 à cause de la guerre. Sept enfants sont devenus orphelins. Lorsqu'elle est arrivée à Rome, elle a exercé de nombreux emplois, de concierge à aide-ménagère. Aujourd'hui, après de nombreux sacrifices, elle possède une petite maison. «C'est formidable d'être ici. La guerre n'a fait que des dégâts. Elle a détruit notre maison, envahie par les Allemands. Vive la paix!», lance-t-elle.
À une autre table, un Marocain raconte qu'il est en Italie depuis une trentaine d'années. Il a travaillé en Calabre, puis l'entreprise a fait faillite et sa vie a basculé. Il a alors été vendeur ambulant. Maintenant, il a la stabilité et un courage retrouvé. «Ici, c'est beau, le Seigneur est grand», déclare-t-il.
À la fin du déjeuner, le Pape François salue tout le monde et remercie ceux qui ont travaillé cette journée.
Les participants reçoivent de la part de la Famille Vincentienne un sac à dos contenant de la nourriture et du matériel d'hygiène personnelle.
Antonella PALERMO et Alessandro DI BUSSOLO pour Vatican News (titre et chapô CathoBel)