Evangile du 27e dimanche du temps ordinaire B [Marc 10, 2-12 27e]
En ce temps-là, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient: "Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme?" Jésus leur répondit: "Que vous a prescrit Moïse?" Ils lui dirent: "Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation." Jésus répliqua: "C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas!" De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur déclara: "Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère."
Textes liturgiques © AELF, Paris.
Commentaire de l'Evangile par Marie-Thérèse Hautier :
Chercher la radicalité de l’Evangile
Décidément, l’évangéliste Marc ne nous laisse pas tranquilles. Dimanche passé, que vous ayez été ou pas au stade roi Baudouin, proche du pape François, la parole de Jésus était pour le moins… tranchante; "Si ta main est pour toi occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut…", etc.
Aujourd’hui, en entamant le chapitre 10, Jésus affirme; "Ce que Dieu a uni, que l’humain ne le sépare pas." Quelle exigence formulée en quelques mots! On retrouvera cette exigence lors de la rencontre de Jésus avec un homme riche, qui après avoir entendu les recommandations de Jésus, s’en va, tout triste. Ce n’est pas possible pour lui, c’est trop demander. Un peu plus tard, en réponse à une demande de Jacques et Jean, Jésus va les questionner; "Pouvez-vous être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé?" Ainsi, l’Evangile ne cesse de nous interroger; jusqu’où vais-je aller? Que puis-je accepter, ou pas?
Revenons au passage de ce jour. Comment entendre aujourd’hui cette affirmation; "Ce que Dieu a uni, que l’humain ne le sépare pas." Alors qu’il existe des violences, dénoncées à juste titre, dans certains couples? Alors que nous savons qu’il vaut mieux partir, s’éloigner, pour ne plus se risquer dans une relation toxique et pour échapper à l’emprise? Je ne peux répondre à la place de personne. Chacun vit son expérience propre, de manière positive ou pas. Il arrive que la situation, mortifère, nécessite impérativement un éloignement salutaire. J’ose croire que Jésus est dans cette visée-là.
Comme "pain pour la route" de cette semaine, je voudrais recueillir deux éléments.
Le premier, c’est que la question qui est posée par les pharisiens n’est pas pour du côté de la défense du plus faible, du plus fragile et de sa protection, mais en vue d’une diatribe, pour tenter de coincer Jésus et le mettre en porte-à-faux avec la loi de Moïse. C’est juste de la casuistique pour eux, la réalité de personnes en difficulté ne les intéressent nullement. Jésus, dans sa réponse, s’en prend à leur dureté de cœur. Notez qu’ils ne sont pas les seuls à souffrir de sclérocardie… En effet, après la résurrection, c’est aux Onze que Jésus reprochera incrédulité et dureté de cœur (Mc 16,14). Comme s’il y avait un lien entre les deux; entre l’absence de confiance et l’endurcissement du cœur.
En second lieu, les disciples ne sont-ils pas sans cœur à leur tour, quand ils rejettent les enfants qui ont été amenés à Jésus? Celui-ci met le holà, et les fait retourner à l’essentiel; "Laissez les enfants venir à moi, car le Royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent." Où est le Royaume? Non pas du côté de la polémique et de considérations générales arbitraires, ni d’un cœur dur. De qui est-il proche, ce Royaume? N’est-ce pas de l’inconsidéré, de la personne ou de l’enfant qui n’a pas les mots pour se dire ou se défendre? N’est-ce pas plutôt de ce côté-là que la radicalité de l’Evangile est à chercher?
Marie-Thérèse Hautier