Lorsque nous rencontrons le cardinal Czerny, nos regards sont tout d’abord attirés par sa grande croix pectorale, aussi belle qu’originale.
Lorsque, à la fin de l’entretien, nous lui demandons de parler de l’origine de cette croix, il esquisse un large sourire. "Ma croix est plus connue que moi. Dans mes rencontres, les personnes sont déçues si je ne la porte pas", dit-il. L’objet a une histoire touchante et une forte charge symbolique. "Ma croix a été réalisée par l’artiste italien Domenico Pellegrino à partir d’un débris, en bois, d’un bateau utilisé par des migrants. Ce bateau a traversé la Méditerranée depuis le nord de l’Afrique jusqu’à l’ile italienne de Lampedusa, où arrivent de nombreux migrants.
Ce bois évoque la croix sur laquelle a été crucifié Jésus, le Fils de Dieu, ‘pour enlever les péchés du monde’. Le clou planté dans le bois nous le rappelle clairement. Le bois correspond aussi au vœu de pauvreté jésuite et au désir de voir émerger une Eglise humble et engagée. L’origine du bois reflète la fuite de ma famille depuis la Tchécoslovaquie vers un pays sûr, lorsque j’étais très jeune.
Les fissures dans la peinture rouge et le bois rappellent les blessures, les souffrances, le sang versé lors de la crucifixion et les situations où le monde oublie la compassion et la justice. La couleur plus pâle de la partie supérieure symbolise la résurrection du Christ et la plénitude de la vie qu’il est venu nous apporter."
C.H.