Après avoir été victime d’une gigantesque escroquerie qui lui a coûté quelque 60 millions d’euros en été 2024, la Caritas du Grand-Duché de Luxembourg a été contrainte de se restructurer complètement et de céder une partie des ses activités à de nouvelles entités.
Depuis juillet, Caritas Luxembourg est secouée par un détournement de fonds estimé à 60 millions d’euros, commis par une employée. Le directeur général, Marc Crochet, a déposé plainte après avoir découvert des transferts réguliers vers l’Espagne (28 millions d’euros de réserve dont disposait Caritas Luxembourg) et des crédits contractés au nom de la fondation (pour un montant de 33 millions d'euros). Une enquête judiciaire est en cours. Le gouvernement luxembourgeois a fermement condamné ces actes, survenus au sein d’une organisation qui soutient les plus vulnérables au Grand-Duché et à l'étranger.
Face à cette crise sans précédent, la société civile luxembourgeoise s’est mobilisée pour préserver les activités nationales de ses entités, afin de maintenir le soutien à plus de 20.000 bénéficiaires au Luxembourg et sauver les emplois de plus de 350 salariés.
Changement de nom
Une nouvelle entité appelée Hellëf um Terrain (HUT), distincte et indépendante de Caritas, reprendra les missions de l’œuvre d’entraide catholique. Elle reprendra également le personnel et les conventions de subventionnement qui liaient Caritas aux diverses collectivités publiques. L’ancienne équipe de Caritas et l’archevêché de Luxembourg ont été complètement écartés du nouveau projet et de sa création, indique un communiqué du 11 septembre 2024.
Le nouveau projet sera actif dès le 1er octobre et les salariés travaillant sur les activités nationales pourront rejoindre la nouvelle association HUT s’ils acceptent la proposition. L’objectif reste le même: œuvrer pour lutter contre la précarité au quotidien. "Comme son nom l’indique, les salariés mettront toute leur énergie et leur compétence pour apporter toute l’aide nécessaire aux bénéficiaires sur le terrain".
Le changement de nom démontre le renouveau nécessaire pour retrouver la confiance des donateurs, des salariés et des bénéficiaires. Le gouvernement qui allouait chaque mois 4 millions d’euros à Caritas doit pouvoir compter sur un prestataire de service sûr pour retrouver la sérénité et la confiance.
Fin des activités internationales
Par ailleurs, Caritas Luxembourg a annoncé le 14 septembre être contrainte de mettre fin à ses activités de solidarité internationale. Les bureaux de l’ONG catholique, situés au Laos et au Soudan du Sud, fermeront ainsi leurs portes le 31 octobre. Environ 30 salariés de la Fondation du Luxembourg et 70 employés du Soudan du Sud et du Laos vont perdre leur emploi. Une centaine de partenaires et de consultants seront également affectés par cet arrêt des activités, précise Caritas dans son communiqué.
En arrêtant ses activités à l’étranger, ce ne sont pas moins de 60 projets qui devront être stoppés. Cette décision va laisser des milliers de personnes dans la précarité et des milliers sans espoir, se désole l’ONG.
La Fondation Caritas Luxembourg était engagée dans de nombreuses régions pour apporter une aide humanitaire, notamment en Afrique de l’Ouest, en Ukraine, en Moldavie, au Soudan du Sud, au Kosovo, en Turquie, au Laos, au Bangladesh et au Moyen-Orient.
Le destin de Caritas Luxembourg reste pour l’heure indéterminé. Une enquête d’envergure est toujours en cours.
Cath.ch/ag/mp/mv