Victime d’un AVC, Ann, la mère de l’autrice, perd la plus grande partie de ses facultés et se retrouve dépendante de sa fille et des établissements de soins.
Qui ne s’est jamais interrogé sur la manière de réagir face à la vieillesse, la maladie et la perte d’autonomie de nos parents devenus très âgés? Julia Deck est brutalement confrontée à cette réalité en retrouvant sa mère étendue dans son appartement, victime d’un accident cérébral. C’est le début d’un parcours du combattant pour que sa mère reçoive les meilleurs soins possibles. Entre lourdeurs administratives, hôpitaux surchargés, personnel soignant en pénurie, rencontres avec les médecins, les assistants sociaux, il faut être particulièrement tenace pour trouver son chemin dans le dédale des institutions hospitalières et des maisons de repos.
Sensible et juste
Julia Deck aborde la nouvelle relation avec sa mère de manière sensible et juste. Le récit intimiste nous révèle une relation forte, fusionnelle mais aussi difficile entre une mère et sa fille unique.
Ce moment entre la vie et la mort est l’occasion pour Julia de mener une enquête familiale et personnelle. Elle retrace le destin mouvementé d’Ann, issue d’un foyer modeste d’ouvriers anglais, qui va voyager, se cultiver, lire énormément, apprendre plusieurs langues, et qui un beau jour franchira la Manche pour s’installer définitivement à Paris. Elle va prendre distance avec ses origines anglaises et s’éloigner de sa famille.
Derrière ce parcours de vie, Julia a la certitude que se cache un secret de famille. L’intrigue se mêle à l’intime. Julia aura-t-elle le temps d’éclairer les zones d’ombre de la vie de sa mère?
Ce livre est avant tout un témoignage d’amour tendre, lucide et délicat, d’une fille pour sa mère. Une mère tant aimée, tant détestée, tant méconnue, et maintenant devenue si fragile dans sa maladie et sa dépendance.
Mariel LEJEUNE,
librairie CDD Namur
Julia Deck, Ann d’Angleterre. Seuil, 2024, 250 pages, 20€ (+ frais de port) – Remise de 5% sur évocation de cet article.