"J’ai besoin de toi." Il faut une fameuse confiance et une fameuse humilité pour dire cela. Et si c’était le propre de l’enfant et ce qui fait sa grandeur? Reconnaître qu’il ne peut pas tout, tout seul; mais croire aussi fermement, même si c’est inconsciemment, que l’autre peut me faire grandir. On est très loin d’un misérabilisme janséniste; on est dans la foi et l’espérance, tout simplement.
Pauvres apôtres… Ils n’ont rien compris, mais ils ont déjà tout compris, puisqu’ils se taisent. Ils commencent, bien lentement, à entrer dans la logique de l’Evangile. Mais il leur faudra la Passion de Jésus pour le découvrir, comme un enfant, dépendant du bon vouloir des autorités pour sa vie et des soldats pour avoir un peu d’eau. Il leur faudra du temps pour se souvenir que ce Messie qu’ils attendaient s’était fait enfant, acceptant d’être soumis au bon vouloir des autres.
Il lui en fallait de la confiance en l’humanité.
En leur annonçant ce qu’il va vivre à Jérusalem, Jésus leur laisse déjà entendre que c’est eux qui vont devoir prendre ce chemin de la dépendance et de la confiance. A Pierre, il dira qu’un jour on lui mettra sa ceinture et on le mènera où il ne veut pas aller. Ils feront l’expérience des tribunaux et des cachots. "Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et l’arrachera aux mains de ses adversaires", disait la première lecture. Mais est-ce vrai? Et si nous nous étions trompés; pire, s’il nous avait trompés.
Il leur en faudra aussi de la confiance en leur Dieu.
Les scandales de l’Eglise nous conduisent - nous forcent - à l’humilité. Mais ils nous entraînent aussi dans une confiance absolue. "Trois jours après sa mort, il ressuscitera", dit Jésus. L’apôtre Pierre nous rend visite dans quelques jours; il vient, porteur d’espérance. "En route, avec Espérance": voilà le thème de son pèlerinage.
Avec François, nous voici dans la Galilée de nos existences. Nous apprenons à nouveau le mystère de la Passion et de la Résurrection. Mourir et vivre; mourir à ce désir d’être grand et autosuffisant pour vivre.
Avec François, nous voici à Capharnaüm, dans la Maison-Eglise pour écouter le Christ qui nous enseigne, avec les mots de Jésus: "Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé."
Il nous en faut de la confiance, en cette Eglise que nous sommes. Seigneur, tu veux avoir besoin de moi?
Alors, en route? Oui, avec Espérance!
ABBÉ PIERRE HANNOSSET