Opinion : Les camps scouts, un moment béni


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Opinion : Les camps scouts, un moment béni
Par Michel RONGVAUX
Publié le
5 min

La semaine dernière, dans son édito, Vincent Delcorps évoquait la beauté de ce qui se vit lors des camps des mouvements de jeunesse. Ses propos ont rejoint l’expérience de Michel Rongvaux. Prêtre à Bruxelles, celui-ci tenait à nous la partager.

L’été 23, j’avais pu – sur un pari fou – rejoindre la troupe du Tison Ardent au Val d’Aoste dans une nature envoûtante, avec une autre manière de vivre les uns grâce aux autres, l’occasion de sentir de l’intérieur leurs capacités et leurs désirs profonds, et d’accompagner le staff du Tison Ardent. Cet été 24, j’avais eu une demande claire de louveteaux de passer chez eux à l’internat don Bosco à Blandain et le samedi était réquisitionné pour eux.

Pas trop loin se trouvaient de jeunes baladins et une autre meute, alors j’ai repris contact et ils m’ont proposé de passer d’abord chez les baladins qui reviendraient le midi de leur petit hike, et ainsi participer à leur repas. Mais surtout entendre leurs émerveillements, leurs découvertes, leurs questions à table, leurs capacités à accueillir sans a priori; tout cela dans une atmosphère de Harry Potter pour laquelle les chefs y avaient mis du leur. A l’entrée, Hermine la chouette était plus vraie que nature… De là, je suis ensuite parti vers l’autre camp, mais un message apparaissait à l’écran de ma voiture: "Défaut moteur. faites réparer le véhicule".

Bon, rejoignons le camp suivant. Je suis arrivé pile au moment où les joyeux compagnons revenaient eux aussi de leur hike et passaient au magasin. Ensuite, je suis entré dans le rythme camp qui change selon les besoins/possibles/impossibles, les fatigues des uns et des autres, la pluie qui s’annonce: quelle souplesse et adaptation! Après avoir ensemble nettoyé les légumes, il y eut un repas pris autour de la table extérieure.

Remercier Dieu

Puis les choses s’enchaînent et je ne maîtrise plus. Un des chefs me dit qu’il veut me parler, mais pas devant tous. Je trouve un coin plus tranquille, et il me dit qu’il a vécu une grande joie en cette fin d’année et il voudrait remercier Dieu. Comment faire? Je lui dis alors: donne-moi un peu de temps et je te réponds. Je suis conduit au-dehors et la nuit commence à tomber.

Et voilà qu’un autre animateur commence à m’interroger sur des questions essentielles et existentielles; ces questions qu’on ne pose pas mais qu’on peut poser quand on vit dehors en un autre lieu. Ces questions auxquelles se mêlent d’autres animateurs; du moins leurs oreilles se tendent pour suivre ce qui se dit. Il faut reporter la veillée pour raconter le hike, mais cette soirée n’est manifestement pas perdue pour tout le monde.

Je retrouve mon animateur et sa question: entretemps, j’avais pensé notamment à un ami camerounais qui a failli perdre la vie lorsqu’il avait 15 ans – Aurélien Saniko qui n’était pas encore prêtre spiritain – et qui avait demandé à son curé comment remercier Dieu. Alors, ce dernier lui avait répondu: "Et si tu composais une chanson pour Dieu… pour le louer?" Aussitôt dit aussitôt fait, Aurélien a composé la chanson: Comment ne pas te louer, Seigneur Jésus?

Entretemps, cette chanson est passée dans les cahiers du Renouveau camerounais, et en maints endroits, jusqu’au jour où la chanson a commencé à faire le buzz bien au-delà des frontières chrétiennes… Alors, lui ai-je dit: "Toi, quel est le truc où tu es bon… vas-y, lance-toi! Ça faisait tilt!"

Le garagiste est arrivé pour reprendre ma voiture et l’emmener à Bruxelles, et je reçois un véhicule de remplacement. Il est tard, je reviens sur Bruxelles afin de faire mes paquets pour aller rejoindre une autre meute à Blandain.

A mon arrivée, je découvre que c’est le jour des promesses, alors on débriefe sur ce que cela signifie pour eux, pour les animateurs et pour moi. Mais avant de manger le repas des intendants (des pionniers de mon ancienne unité de la Cambre), ce fut le moment de participer à la célébration des promesses louveteaux. Ils étaient 12 à la demander, conduits par 2 parrains: un animateur parrain et un autre louveteau parrain.

La force du loup, c’est le clan

Chacun d’eux "dans ses mots à lui" a exprimé ce que lui voulait faire de cette promesse, en choisissant une des phrases de la loi scoute qu’il tenait à acquérir. C’est beau car cela permet de grandir à partir d’une fragilité, accueillie et traversée grâce aux parrains et à la meute! Tout cela en reprenant les couplets de la promesse et les rituels qui vont avec et donnent un peu de relief à ce qui est vécu là, devant leurs pairs et leurs animateurs. Bravo!

J’avais bien précisé en expliquant à toute la meute qui j’étais et que – s’ils le souhaitaient – ils pouvaient demander la bénédiction de l’aumônier pour leur promesse, sans obligation. Ainsi, très simplement, chacun des promettants s’est vu poser la question par Akéla, et seul un des douze ne souhaitait pas cette bénédiction. Je suis heureux qu’il ait pu le dire et le vivre sachant qu’il n’y avait aucun reproche à lui faire, cela se vit dans la liberté.

Pour les onze autres louveteaux, je me suis inspiré de ce qu’ils venaient de dire, de leur prénom et leur saint patron pour les inviter à aller de l’avant et de ressentir que "la force du loup, c’est le clan, la force du clan, c’est le loup…" Chacun reçoit la grâce des autres pour ensemble se dépasser au service du plus fragile et pour le bien commun…

Je me suis dit aussi: il faudrait libérer plus de temps pour rejoindre les camps (petits ou grands) durant l’année car c’est en ces moments "hors du temps habituel" que des choses se passent, des questions se partagent, une parole peut être écoutée ou dite… Quelles richesses!

Merci à tous ceux qui les rendent possibles, et qui par leur présence et leur joie de vivre et le sens des autres rendent cette vie scoute si belle!

Michel RONGVAUX

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