Theoklïa, dont le nom signifie "Appelée de Dieu", serait la première femme-martyre de l’histoire chrétienne.
Son crime ? Avoir voulu vivre pleinement les promesses de l’Evangile, quitte à s’émanciper (de trop) de toutes les prérogatives sociales de son temps. Mais le plus étonnant est de savoir par qui a-t-elle été condamnée. Par sa famille, par les autorités de sa cité ou par ses confrères qui suivent également les pas du ressuscité? Theoklïa ne représente-t-elle pas déjà le crime de lèse-majesté de la société qui est de bousculer les cases bien établies dont l’Eglise, à défaut de servir de contre-exemple, en renforce dès ses débuts les verrous?
C’est de toutes ces questions que Frédéric Gros s’attelle à dresser le panorama. Ce dernier n’est d’ailleurs pas étranger à ce genre de réflexion puisqu’il a déjà écrit un excellent essai sur la désobéissance dans lequel il démontre que l’acte de désobéir ouvre un espace plus grand pour que la vie circule. Cette fois-ci, l’auteur s’intéresse à ces questionnements en se basant sur l’apocryphe des Actes de Paul qui lui servira de cadre à son histoire. On suivra ainsi les pas et les questionnements de "l’apôtre des païens" et de ses compagnons dans leur œuvre d’évangélisation.
A noter que la postface de l’auteur est d’excellente facture et nous montre tout son travail de recherche et d’esprit critique vis-à-vis de cet apocryphe à (re)découvrir.
Denis DRUART, Librairie UOPC
📚 Frédéric Gros, La première histoire, Albin Michel, 2024, 208 pages, 20€ - Remise de 5% sur évocation de cet article.
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