A l’occasion de la Saint Dominique, plongeons-nous dans l’histoire des Frères prêcheurs


Partager
A l’occasion de la Saint Dominique, plongeons-nous dans l’histoire des Frères prêcheurs
L'ordre des Prêcheurs est un ordre catholique né à Toulouse sous l'impulsion de Dominique de Guzmán en 1215. © Peter Potrowl
Par Manu Van Lier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
5 min

Ce 8 août, nous fêtons la Saint Dominique. L’occasion d’en savoir plus sur l'histoire de l'Ordre dominicain, son fondateur et la présence dominicaine dans le monde aujourd’hui.

Au début du 13e siècle, Dominique de Caleruega (ou Dominique de Guzmán), plus connu aujourd’hui sous le nom de saint Dominique, est chanoine dans la région de La Castille, en Espagne, lorsque son évêque, Diègue d’Osma, lui demande de l’accompagner dans une mission diplomatique au Danemark.

Au retour, passant par le Languedoc, l’évêque observe que beaucoup de personnes se sont tournées vers le catharisme, religion dualiste qui repose sur l’opposition entre le bien et le mal. Diègue abandonne toutes ses affaires pour essayer de convertir les cathares avec pour seule arme l’Evangile et un message: il y a une voie pour le salut, une voie de libération, plus féconde pour l’homme que d’être enfermé dans cette dualité. Sur le modèle de la prédication itinérante de Jésus, Diègue et Dominique rencontrent ces personnes et les écoutent.

Au décès de l’évêque, Dominique va prendre le relais et réaliser l’intuition de Diègue d’Osma. Il s’installe dans un premier temps dans la région de Toulouse avec les premiers frères et les moniales. Pour protéger des femmes qui ont quitté le catharisme, Dominique les rassemble en communautés de moniales. Elles formeront la première communauté dominicaine féminine. En 1215, toujours à Toulouse, Dominique va rassembler les premiers frères. Petit à petit, la grande aventure dominicaine va commencer. Le premier nom de l’Ordre est l’Ordre des Prêcheurs, la référence à saint Dominique s’imposera plus tardivement.

Un développement rapide

Peinture de Fra Angelico représentant Saint Dominique en prière, avec une auréole lumineuse autour de sa tête
Portrait de Saint Dominique par Fra Angelico, 1440.

En Europe, une nouvelle dynamique se met en place au 13e siècle avec l’essor des grandes villes. L’Eglise est, à cette époque, principalement implantée dans les campagnes avec les abbayes bénédictines. Dominique veut développer une présence chrétienne dans les nouvelles villes du Moyen-Age. Des rivalités vont apparaître, entre l’intuition dominicaine qui prône l’enseignement et la prédication et les franciscains qui trouvent la présence dominicaine un peu menaçante.

L’Ordre des Prêcheurs se développe très rapidement. Dès 1217, Dominique envoie des frères fonder des couvents dans plusieurs villes de France, d’Espagne et en Italie, à Bologne. Des villes qui comptent des universités parmi les plus prestigieuses au monde, comme Paris ou Oxford, ont été choisies par Dominique pour qu’il y ait une présence d’Eglise dans les universités. Les nouveaux couvents comportent régulièrement des studiums et une bibliothèque, avec l’objectif de donner la liberté à chacun d’étudier selon ses capacités et son zèle, que ce soit le jour ou la nuit. Aujourd’hui encore, la curiosité intellectuelle est une caractéristique du frère prêcheur. 

En quelques décennies, plusieurs centaines d’établissements nouveaux fleurissent à travers l’Europe. L’Ordre a trouvé un équilibre entre les frères qui ont une charge pastorale, ceux qui accompagnent plus spécifiquement les malades ou les mourants et d’autres qui se consacrent davantage à l’étude.

Une page sombre de l’histoire dominicaine

Le pape Grégoire IX, se méfiant du manque d’efficacité pastorale des évêques, confie l’Inquisition dès sa création par la bulle Excommunicamus (1223) aux dominicains, deux ans après la mort du fondateur de l’Ordre.

Cependant, Dominique n’avait pas participé lui-même à la croisade contre les Albigeois, préférant lutter par les moyens du verbe. Compte tenu de leur compétence théologique, de leur vocation à être près du peuple, et de leur bonne image dans la société médiévale, le pape choisit de préférence dans les rangs des dominicains ses représentants pour en faire des juges de l’Inquisition*.

Pour pouvoir se consacrer pleinement à leur tâche, ils sont fréquemment relevés de certaines des obligations que leur règle leur impose, comme celle de leur vie conventuelle et apostolique. On a donc aussi un certain relâchement dans le strict respect de la règle de saint Augustin que les dominicains s’appliquaient à suivre.

L’après Dominique

Saint Dominique décède assez rapidement après la fondation de l’Ordre, en 1221. Peu avant sa mort, il se retire de l’Ordre et est réélu malgré lui lors du chapitre (la plus haute instance décisionnelle) de Bologne. Après la mort de Dominique, les choses sont assez difficiles. 

"Il n’y avait pas nécessairement une chaire dans toutes les universités et il fallait trouver les charismes et les engagements de l’Ordre. D’autre part, il y a des déceptions. Cela ne marche pas aussi bien que prévu", nous expliquait le frère Alain Arnould en 2016, à l'occasion des 800 ans de l’Ordre des Prêcheurs. "Certains privilégient un chemin individuel plutôt qu’un chemin communautaire, ce qui crée des tensions. De multiples facteurs rendent le 14e siècle assez difficile jusqu’à ce qu’on ressente un besoin de réformes. Des personnes, comme Raymond de Capoue et comme Catherine de Sienne, vont s’atteler à réformer l’Ordre et la vie interne des couvents au 14e et début du 15e siècle". 

Cette réforme verra le retour à l’intuition initiale de Dominique: essayer d’équilibrer une vie de prière, d’étude et une ouverture aux autres. De grandes figures comme Fra Angelico ou Antonin de Florence marqueront cette période de leur empreinte.

En Belgique, on retiendra plus particulièrement le père Dominique Pire qui a reçu le prix Nobel de la Paix en 1958 pour son engagement, après la Deuxième Guerre mondiale, auprès des personnes déplacées. Le père Pire n’est cependant pas le seul dominicain à avoir reçu un prix Nobel. Sigrid Undset, une tertiaire dominicaine, a reçu un prix Nobel de littérature au début du 20e siècle pour ses ouvrages, notamment sur Catherine de Sienne.

Aujourd’hui, les dominicains dans le monde regroupent des frères, des moniales, des religieuses et des laïcs engagés. En 2016, l'on dénombrait ainsi 6.000 frères, plus de 3.000 moniales contemplatives et cloîtrées, 25.000 religieuses affiliées et 150.000 fidèles laïcs engagés. C’est une présence importante qui réunit des diversités de caractères et de charismes extrêmement larges.

Manu VAN LIER

Vous avez apprécié ce contenu.

Alors, pour ne rien manquer de l'actualité chrétienne :

Abonnez-vous à notre newsletter quotidienne gratuite

Suivez-nous aussi sur Google Actualités

Dans la même catégorie