Ces architectes méconnus de l’Eglise belge : Le père Constant Lievens (3/8)


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Ces architectes méconnus de l’Eglise belge : Le père Constant Lievens (3/8)
En 2001 s'est ouvert le procès en béatification de Constant Lievens, le "défenseur des Adivasis". © Otheo
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
6 min

☀️ Chaque semaine cet été, CathoBel vous invite à un voyage dans le temps pour découvrir les hommes et les femmes qui ont façonné l'Église, au sens propre comme au figuré.

Ce vendredi, nous mettons en lumière le parcours extraordinaire, empreint de dévotion, du père Constant Lievens SJ. Envoyé en Inde au 19e siècle, ce prêtre missionnaire lutta sans relâche pour la réhabilitation des Adivasis, les aborigène de l'Inde, exploités et maltraités par de riches propriétaires terriens. Sa cause de béatification est en cours.

Constant Lievens naît le 11 avril 1856 à Moorslede, près de Roulers (Flandre-Occidentale). Il est le septième fils d'une famille de 11 enfants.

Le chiffre 11 revêt une signification symbolique dans son enfance, puisque le jeune Constant n'a que 11 ans lorsqu'il perd sa mère. C'est une blessure profonde qui ne se refermera jamais. La mort de sa mère marque également la fin de son parcours scolaire. Désormais, les enfants doivent aider à la ferme du père Lievens. Constant est responsable de 12 vaches : curage des stalles, traite, pâturage... En tant que "vacher", il est souvent seul toute la journée. C'est là que naît son grand amour de la nature.

Entrée au petit séminaire à 14 ans

Constant Lievens en 1878 © Otheo

Sur l'insistance d'un nouveau vicaire, Constant peut reprendre ses études. Il entre en 1870 au petit séminaire de Roulers où les cours sont dispensés en français. Constant doit faire preuve de beaucoup persévérance pour suivre le rythme.

Il finira néanmoins parmi les premiers d'une classe que l'on surnomme alors "la classe des merveilles". Albrecht Rodenbach, futur grand écrivain et poète, est l'un de ses camarades de classe. Constant Lievens entre ensuite au grand séminaire de Bruges.

"Alors l'Inde est faite pour vous !"

Constant sait depuis son plus jeune âge qu'il veut servir "la grande œuvre de Dieu", mais ne sait pas encore comment. Le déclic se fait après avoir rencontré un missionnaire de Moorslede travaillant en Amérique du Nord. Constant lui parle de son rêve de partir vers "une vaste terre de mission en manque de missionnaires". Le prêtre lui répond : "Alors l'Inde est faite pour vous !" Constant opte pour les Jésuites car c'est, à l'époque, l'un des ordres missionnaires les plus actifs en Belgique.

En 1880, Constant danse de joie lorsqu'il apprend de son provincial qu'il est autorisé à partir en mission. Trois semaines plus tard, à Ostende, il prend le bateau pour un voyage de 42 jours jusqu'à Calcutta, en Inde. Il imagine alors qu'il ne reverra plus jamais son pays, sa famille et ses amis.

Le bateau The Australia emmène Constant Lievens de Southampton à Calcutta en Inde. © Otheo

Un défenseur des pauvres en Inde

En 1883, après plusieurs années de formation, Constant est ordonné prêtre par l'archevêque de Calcutta, Mgr Paul Goethals, un jésuite de Courtrai. Le -désormais- père Lievens partage le feu de la conversion de son supérieur. Ils conçoivent le projet d'un poste de mission à Chota Nâgpur, une région isolée et pauvre du Bengale occidental. Constant explore toute la région pieds nus. Sa première tâche : apprendre la langue.

Les Adivasis sont exploités économiquement et maltraités par les Zamindars, de grands propriétaires terriens fortunés. Le père Lievens les aide à se défendre en invoquant leurs droits légaux. Il se rend souvent lui-même au tribunal de Ranchi, à 65 km de sa ville natale, pour défendre en justice les droits de ceux dont on avait volé les terres. En particulier, il fait accepter par les magistrats anglais que le droit coutumier - non-écrit - doit être pris en considération lorsqu’il s'agit de déterminer les droits de propriétés des peuples tribaux de la région.

Constant Lievens devant le bungalow de Torpa (Bengale-Occidental), prêt à partir en mission. © Otheo

De nombreuses affaires judiciaires sont réglées en faveur des populations tribales.

Libérés de leurs oppresseurs, les aborigènes d'Inde embrassent la foi de leur "Sauveur"

Père Constant Lievens © Otheo

Durant 7 années, Constant Lievens travaille 24 heures sur 24 pour rendre justice aux aborigènes d'Inde contre l'oppression. Les puissants Zamindars, voyant leur position menacée, poursuivent le père Lievens et la mission pour rébellion. Mais les autorités politiques et la presse se rangent du côté des tribus et soutiennent la démarche juridique du père Lievens. Les Zamindars perdent leur démarche et voient de plus en plus leurs privilèges réduits.

Ses succès auprès des tribunaux lui valent l'affection des locaux, qui le reconnaissent comme un sauveur : ils se convertissent en masse au catholicisme. Ainsi, des milliers d'Adivasis deviennent catholiques. Le 3 juin 1888, 40 villages se convertissent collectivement. Au 1er août 1888, la terre de mission de Lievens compte 11 291 catholiques baptisés et 39 060 catéchumènes. Deux ans auparavant, le nombre de chrétiens dans la région n’était que de 2 700.

Nommé directeur de la mission, il réside alors à Ranchi, chef lieu du district à partir duquel il est plus facile d’organiser le travail missionnaire de justice sociale et de scolarisation. Il y construit de nombreuses écoles et chapelles.

Même malade, il accentue son rythme de travail

Il tombe malade en 1891. On lui diagnostique la tuberculose. Les médecins lui donnent 1 ou 2 ans à vivre. Maintenant qu'il sait que le temps est compté, il accélère encore son rythme de travail. Une rechute grave le contraint à arrêter définitivement. Les docteurs et ses supérieurs finissent par le renvoyer en Belgique, là où il pourra peut-être se remettre de sa maladie.

Constant part, tout en laissant en Inde "le meilleur de son esprit et de son cœur".

Il décède à 37 ans

Malgré les soins reçus la situation se dégrade et Constant Lievens rend l’âme le 7 novembre 1893, à Louvain.

Dans la région où le père Lievens exerçait son ministère, on se souvient encore de lui avec affection et une grande dévotion est née parmi la population peu après sa mort.

Il est un Serviteur de Dieu, et sa cause de béatification est en cours.

👉 Retrouvez la biographie du père Lievens sous forme d'une ligne du temps sur le site d'Otheo

Prière de Jozef De Kesel pour la béatification de Constant Lievens :

Seigneur,
notre Dieu,
En tant que missionnaire, le père Lievens s'est rendu en Inde.
Il y a témoigné du message libérateur de Jésus aux pauvres.
Il a écouté leurs besoins et a travaillé avec eux pour un avenir meilleur.
Son exemple a allumé en eux le désir fervent de connaître et de suivre Jésus.
Ce feu continue de brûler dans une jeune église.

Constant Lievens quelques semaines avant sa mort. © Otheo

Nous te prions :
Que ton Esprit soit un feu dans notre prière et notre travail pour ton Royaume.
Bénis ton Eglise en Inde et en Flandre.
Nous te prions avec confiance pour la béatification de ton serviteur, le Père Constant Lievens.

Accorde-nous de nous inspirer de son exemple et de compter sur sa prière.

Nous te le demandons par le Christ notre Seigneur.
AMEN.

Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous.

+ Jozef De Kesel

Source : Otheo/Kerknet
Traduction : C.L.


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