Soudan du Sud. La jeune Nialony, 6 ans, retrouve son frère Georges et ses parents déplacés dans le camp de réfugiés de Bentiu.
Une prison à ciel ouvert pour ces milliers de civils protégés par les Nations Unies contre les affres de la guerre civile qui ravage le pays. Pour Nialony, ce camp constitue un choc, pour la violence présente et cette promiscuité difficile. La jeune fille peut compter sur son frère Georges, réfugié dans la peinture pour s’évader de l’horreur ambiante. Mais aussi sur un marabout, un étrange oiseau à qui la gamine confie ses peurs pour se réconforter. Et le sort semble s’acharner sur les deux enfants quand des miliciens viennent les kidnapper pour les transformer en enfants soldats.
Avec L’Oeil du marabout, Jean-Denis Pendanx plonge ses lecteurs au coeur d’un récit immersif où la beauté de l’Afrique, magnifiquement reconstituée dans ses couleurs, se dilue dans les horreurs de la guerre au Soudan du Sud. Avec ses deux héros, l’auteur dresse un portrait émouvant de ces populations parquées dans des camps rudimentaires dans lesquels les humanitaires font ce qu’ils peuvent avec les faibles moyens mis à leur disposition.
Un cahier graphique complète l’album, dans lequel le regard journalistique de l’auteur aide le lecteur à mieux comprendre le quotidien de ces gamins innocents soumis aux affres de la guerre. Impossible de rester insensible au destin de Georges et Nialony, deux petits Soudanais rencontrés par l’auteur et pris pour modèles pour son album.
"J’ai bon espoir que Nialony et Georges voient la fin de cette guerre et vivent dans un pays en paix." Ce message positif de l’auteur conclut une lecture bouleversante pour ce regard d’enfants posé sur ces guerres (trop) lointaines.
Et si l’auteur s’attarde sur le destin de ses petits héros, il n’oublie pas de saluer le travail des humanitaires, ces héros anonymes.
Philippe DEGOUY
📚 Jean-Denis Pendanx (Scénario et dessin), L’Oeil du marabout. Editions Daniel Maghen, 160 pages.
