Commentaire de l’évangile du dimanche des Rameaux et de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ : « Sauve-nous de manière divine ! »


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Commentaire de l’évangile du dimanche des Rameaux et de la Passion de notre Seigneur Jésus Christ : « Sauve-nous de manière divine ! »
Paul Gauguin, Le Christ Jaune
Par Frère Christian Eeckhout, o.p.
Publié le - Modifié le
8 min

Pour le frère Christian Eeckhout, l'Evangile selon Saint Marc [15, 1-39] montre que Dieu se passionne pour nous les humains. Retrouvez ci-dessous l'Evangile du jour, suivi de son décryptage par le frère dominicain.

📖 La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon saint Marc 15, 1-39

Dès le matin, les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le Conseil suprême. Puis, après avoir ligoté Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate. Celui-ci l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui le dis. » Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations. Pilate lui demanda à nouveau : « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. » Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate fut étonné.

À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils demandaient. Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour un meurtre qu’ils avaient commis lors de l’émeute. La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander ce qu’il leur accordait d’habitude. Pilate leur répondit : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? » Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré. Ces derniers soulevèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas. Et comme Pilate reprenait : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? », de nouveau ils crièrent : « Crucifie-le ! » Pilate leur disait : « Qu’a-t-il donc fait de mal ? » Mais ils crièrent encore plus fort : « Crucifie-le ! » Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié.

Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils rassemblent toute la garde, ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant : « Salut, roi des Juifs ! » Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier, et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs. Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire). Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas. Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.

C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia. L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ». Avec lui ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête : ils disaient : « Hé ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, descends de la croix ! » De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons et nous croirons. » Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient.

Quand arriva la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lema sabactani ? », ce qui se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient : « Voilà qu’il appelle le prophète Élie ! » L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire, en disant : « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! » Mais Jésus, poussant un grand cri, expira. Le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »

💬 "Quand Dieu se passionne pour nous les humains": le commentaire de frère Christian Eeckhout

"Sauve-nous de manière divine !"

Un cri s’élève dans la foule quand Jésus approche de Jérusalem! Que signifie-t-il? Repris à chaque Eucharistie: Hosanna au plus haut des cieux! est un SOS d’appel au secours, de supplication du salut attendu par ceux qui espèrent être délivrés de l’occupant. Cri des foules lors des joyeuses entrées des rois. Pour les chrétiens, c’est l’acclamation du Sauveur qui nous a sauvés – divinement – par le don de sa vie et sa résurrection des morts! Car Jésus – révolté d’amour – exprime sa passion pour nous en assumant sa Passion sacrificielle, rédemptrice. Il l’annonce lors du repas de la Pâque en fractionnant le pain – mon corps – et en donnant le vin – mon sang de l’alliance, versé pour la multitude.

Les derniers cris

Partant de Béthanie, la maison de l’humble, Jésus remarque le beau geste de la femme: une onction parfumée pour mon ensevelissement. Il vient en ville pour la Pâque et son dernier repas avec ses disciples. Après le chant des psaumes, Jésus prie à côté du pressoir à olives Gethsémani. Le Fils de l’homme veille dans l’angoisse et s’en remet à la volonté de son père Abba. Emmené prisonnier chez le grand prêtre, Jésus confesse sa divinité: le Christ Je le suis. Chez Pilate, le roi des Juifs entend crier la foule: Crucifie-le! Aidé pour porter l’instrument de crucifixion, Jésus arrive à la colline en forme de crâne, Golgotha. C’est au tour de Jésus de lancer deux cris: celui de la prière de confiance vers Dieu dans l’extrême souffrance et celui de l’expiration ouvrant à la confession de foi du centurion au véritable Fils de Dieu. Le repos: le tombeau d’un juif qui attendait le règne de Dieu, ce qu’avec grand respect observaient des femmes en fidèles disciples.

Quel est notre cri d’accueil de Jésus? Cri d’insulte, de rejet, de condamnation ou de louange, de reconnaissance au Roi-Messie libérateur, de confession du Fils de Dieu? Comment vais-je exprimer mon adoration à Dieu dans ma vie en cette grande et sainte semaine?

Frère Christian EECKHOUT, o.p.

LECTURES DU JOUR

Lecture du livre du prophète Isaïe 50, 4-7

"Je n’ai pas caché ma face devant les outrages, je sais que je ne serai pas confondu"

Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre: je sais que je ne serai pas confondu.

Lecture de la lettre de Saint Paul apôtre aux Philippiens 2, 6-11

"Il s’est abaissé: c’est pourquoi Dieu l’a exalté"

Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté: il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame: "Jésus Christ est Seigneur" à la gloire de Dieu le Père.

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Marc 14, 1-15, 47

Indications pour la lecture dialoguée: Les sigles désignant les divers interlocuteurs son les suivants: X = Jésus; L = Lecteur; D = Disciples et amis; F = Foule; A = Autres personnages.

L. La fête de la Pâque et des pains sans levain
allait avoir lieu deux jours après.
Les grands prêtres et les scribes
cherchaient comment arrêter Jésus par ruse,
pour le faire mourir.
          Car ils se disaient :
A. « Pas en pleine fête,
pour éviter des troubles dans le peuple. »

          L. Jésus se trouvait à Béthanie,
dans la maison de Simon le lépreux.
Pendant qu’il était à table,
une femme entra,
avec un flacon d’albâtre
contenant un parfum très pur et de grande valeur.
Brisant le flacon,
elle lui versa le parfum sur la tête.
          Or, de leur côté, quelques-uns s’indignaient :
A. « À quoi bon gaspiller ce parfum ?
                        On aurait pu, en effet, le vendre
pour plus de trois cents pièces d’argent,
que l’on aurait données aux pauvres. »
L. Et ils la rudoyaient.
          Mais Jésus leur dit :
X  « Laissez-la !
Pourquoi la tourmenter ?
Il est beau, le geste qu’elle a fait envers moi.
                        Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous,
et, quand vous le voulez,
vous pouvez leur faire du bien ;
mais moi, vous ne m’avez pas pour toujours.
                        Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait.
D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement...

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