Une page vient de se tourner dans la vie de sœur Marie-Dominique et de sœur Luc-Marie originaires de Biesme. A respectivement 85 et 83 ans, elles sont – enfin – à la retraite ! Sœurs dans la vie, toutes deux sont religieuses dans la même congrégation des Sœurs de Sainte-Marie. Elles viennent de quitter Ave-et-Auffe (Rochefort) où elles étaient les deux dernières à veiller sur les retraitants qui fréquentaient la Maison Sainte-Marie, aujourd’hui, dans d’autres mains.
Sœur Marie-Dominique est l’aînée. Après avoir passé bien des années, avec sa cadette sœur Luc-Marie, à Ave-et-Auffe, elles poursuivent, ensemble, leur chemin à Jambes. Elles habitent dans un appartement situé pas très loin de la Maison de Nazareth où vivent des sœurs de la congrégation dont la santé nécessite des soins. Elles y passent régulièrement pour la messe, pour les rencontrer…
La congrégation des Sœurs de Sainte-Marie fondée, à Namur, au début du 19e siècle par Dom Minsart s’occupait des jeunes filles. Les sœurs leurs donnaient une formation, parachevaient une éducation. Au fil des années, elles ont fondé, un peu partout, des écoles où les sœurs enseignaient. Aujourd’hui, cela fait partie du passé.
Sœur Marie-Dominique a ainsi été directrice de l’institut Sainte-Marie de Jambes jusqu’en 2003 avant de diriger, pendant dix ans, l’internat. Elle arrive ensuite à Ave-et-Auffe où la congrégation possède une maison ouverte aux retraitants d’une soirée, d’un jour… Une nouvelle mission que cette religieuse toujours très dynamique redoutait quelque peu. « Mais finalement, tout s’est bien passé et je m’y suis très bien plu. »
En famille
Elle y rejoint, sœur Luc-Marie. « Ma sœur, sœur » lance-t-elle dans un éclat de rire. Sœur Luc-Marie s’occupait, elle, de l’accueil. Sœur Marie-Dominique est en cuisine. Une équipe est là pour les soutenir et prendre en charge l’intendance. Les religieuses ont toujours eu l’œil sur tout, vérifiant que les locaux étaient en ordre, accueillants… « Chaque matin, nous mettions encore un point d’honneur à vérifier l’état de la literie. C’était une ambiance très familiale. Les retraitants mettaient la table. Et le soir, nous avons souvent témoigné de notre vie. » Une complicité avec les élèves mais aussi avec les professeurs qui étaient des habitués des lieux.
Sœur Marie-Dominique : « Lorsque je suis arrivée à Ave-et-Auffe, il y avait encore 7 sœurs. Parmi elles, sœur Marie-Luc qui a quitté la maison alors qu’elle avait 90 ans. Elle s’est occupée quasi jusqu’au bout du jardin. » Un jardin où poussaient principalement courgettes, potirons et salades, des légumes qui étaient servis lors des repas.
Des soins, de la pastorale…
Si une page se tourne pour sœur Marie-Dominique et sœur Luc Marie, c’est aussi la fin d’une histoire pour la congrégation des Sœurs de Sainte-Marie. Depuis 1837, des religieuses étaient présentes à Rochefort. Et quelle histoire que les deux jeunes retraitées ont tenu à retracer. A la demande du bourgmestre de l’époque, les Sœurs de Sainte-Marie y ont ouvert une école. Elles ont veillé sur les résidents d’un hospice avant de s’occuper d’enfants dans un centre d’accueil. Elles ont aussi tenu un rôle important dans la pastorale en prenant en charge notamment la catéchèse. Depuis 1978, elles vivaient dans la Maison Sainte-Marie où elles étaient aux petits soins pour les retraitants.
Les sœurs ont pris de l’âge, la relève n’était pas là. Et puis le Covid est passé bouleversant beaucoup de choses. Cela devenait trop compliqué de continuer à gérer ce bâtiment. L’évêché a racheté cette infrastructure qui a été confiée à Marie-Christine Wiederkher. La maison de Ave continuera à y accueillir des groupes, des réunions…
Texte : Christine Bolinne (pour le diocèse de Namur)
Photo : Sœur Lola