Ce lundi 16 octobre, Mgr Delville a procédé à la levée des scellés sur la boite rouge contenant les présumés restes de saint Lambert, patron du diocèse. Devant les médias, venus en nombre, il a également dévoilé quelques ossements, dont l’examen minutieux (en cours) a été confié au professeur Boxho.
On peut dire qu’il y avait foule ce matin autour du “fameux” coffre rouge qui a donné tant de fil à retordre au Conservateur du Trésor de Liège et à son équipe vendredi dernier. Comme l’exige le droit canonique, Mgr Delville a procédé à l’ouverture de la “boite rouge” contenant les ossements de saint Lambert, en coupant, sous l’oeil de nombreuses caméras, les quelques rubans maintenus par les sceaux d’un autre de ses prédécesseurs, Mgr Van Zuylen.
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Le contenu du coffre correspond aux photographies qui ont été prises lors de la dernière ouverture en 1985 : quatre bocaux étiquetés au travers desquels on aperçoit des os précautionneusement emballés. Mgr Delville a tout d’abord exhumé les authentiques, c’est-à-dire les documents qui authentifient les restes et témoignent des précédentes explorations. Et ces quelques documents ont déjà apporté leur lot de révélation.
Les reliques ont fait l’objet de plusieurs visites
C’est ainsi que l’on a appris qu’entre les deux ouvertures documentées de 1896 et de 1985, une opération identique avait eu lieu en 1938, au cours de laquelle le crâne de saint Lambert avait également fait l’objet d’une manipulation. Mgr Delville a fait lecture des différents parchemins dont l’un datant du 15e siècle. Le crâne de saint Lambert a bien été authentifié en 1489 selon l’un des documents, évènement confirmé par d’autres documents historiques. En effet, après une période de troubles ayant secoué Liège, les chanoines ont procédé à une visite des reliquaires de la cathédrale pour en vérifier le contenu. A l’époque, l’inventaire relève la présence de cheveux du saint, qui ont visiblement disparu depuis.
Première révélation (vraiment) inattendue ?
Après avoir déchiffré les différents documents, Mgr Delville a ouvert certains bocaux et même déballé certains paquets. Malgré la relative faible quantité de restes, Mgr Delville s’est dit satisfait du contenu encore conservé dans le coffre. Le professeur Philippe Boxho a quant à lui expliqué qu’il serait limité dans ses interprétations par la qualité et la nature des ossements dévoilés. Il a toutefois déjà pu tirer quelques conclusions et notamment le fait que l’un des tibias présente une malformation évidente de nature plus que probablement congénitale.
Ainsi, l’individu dont nous avons conservé les restes était boiteux. Et selon le bibliothécaire-documentaliste de la Bibliothèque du Séminaire de Liège, ce détail est mentionné dans la “Prima Vita” de saint Lambert (rédigée entre 727 et 743) : d’après cette hagiographie très ancienne, le saint évêque se déplaçait à l’aide d’une canne qui n’était pas son bâton pastoral mais bien un soutien pour pouvoir se déplacer. Une première révélation qui témoigne déjà de tout l’intérêt de cet examen purement visuel des ossements.
Parmi les bocaux, l’un est rempli de “cendres” de saint Lambert, entendez de la poussière d’os. Il semble également que les os restants n’aient pas été sélectionnés au hasard mais de manière assez raisonnée au vu de la symétrie observée. En effet, il était courant que la dépouille d’un saint soit morcelée en une quantité importante de reliques distribuées aux quatre coins du diocèse.
Le crâne de saint Lambert pourra-t-il parler?
L’attention s’est particulièrement focalisée sur le crâne de saint Lambert, ou plutôt sa calotte crânienne, en bien piteux état, a regretté le légiste. Mais l’espoir est encore permis de pouvoir le faire parler. L’assistance a également pu découvrir de manière assez anecdotique que le crâne avait été enveloppé d’un plastique couramment utilisé pour … refermer les pots de confiture ! Cet élément nous fait sourire, évidemment, mais ce procédé requérant un apport d’humidité a eu pour effet d’altérer considérablement la calotte. Dont les différentes parties semblent par ailleurs avoir fait l’objet d’un ré-assemblage.
Le sort de saint Lambert est désormais entre les mains de l’expert liégeois dont les résultats d’analyse sont attendus avec une certaine fébrilité. Même si, comme l’a affirmé Mgr Delville à l’un des journalistes présents, dans le cas où les éléments relevés ne pourraient pas venir corroborer directement et de manière certaine la légende historique du coup de lance, “l’absence de preuve ne signifie pas l’absence de fait.”
Sophie DELHALLE (Service communication de l'évêché de Liège)
Reportage photographique complet à retrouver sur la page Facebook Diocèse de Liège-Bistüm Lüttich