
On nous l’a dit et répété: les saints ne sont pas des personnes parfaites. Ce ne sont pas des super-héros. Ils ne sont pas sans taches. Ils ont commis des fautes, parfois graves, même. Et ils ne sont pas des modèles qu’il faudrait suivre à la lettre.
On nous a dit tout cela. Et on a essayé d’y croire très fort. Mais dans notre esprit, l’image reste tenace: nous peinons bien souvent à voir les saints autrement que comme… des saints! Comme si nous ne parvenions pas à les imaginer sans leur auréole. Comme s’ils avaient été canonisés avant de naître. Comme s’ils étaient plus proches de Dieu qu’ils pourraient l’être de nous.
Il faut dire que la langue française ne nous aide pas beaucoup. Le Larousse nous rappelle ainsi que le qualificatif « saint » se dit d’abord de Dieu, « en tant qu’il est souverainement pur, parfait« . L’adjectif peut aussi être associé à la personne « qui vit selon la loi de Dieu, qui mène une vie exemplaire« . Le dictionnaire ajoute que « sanctifier », c’est « mettre quelqu’un en état de grâce« , « le placer au-dessus de tout« . Mais lorsqu’on place quelqu’un au-dessus de tout, on le place surtout bien loin de nous…
Que faire alors? A quelques jours de la Toussaint, peut-être pourrions-nous creuser ces quelques pistes:
1) Plongeons-nous dans la vie des saints! L’expérience pourrait être édifiante – et l’antidote se révéler puissant. Nous verrons alors que, comme dans chacune de nos vies, c’est de près que, dans les leurs, se croisent ombres et lumières. Et que les saints ne sont pas toujours si différents de nous…
2) Intéressons-nous aux processus de canonisation – comme on le fait dans le numéro de cette semaine du journal Dimanche. Nous découvrirons alors que ces processus sont des œuvres profondément humaines. Que la reconnaissance de la sainteté ne relève pas de la magie mais plutôt d’une forme de discernement – parfois même discutable.
3) Arrêtons-nous sur les saints du quotidien. Ces personnes que l’on admire moins pour leur grandeur que pour leur petitesse. Ces femmes et ces hommes qui ne cherchent pas les honneurs. Mais qui transforment des vies parce qu’elles touchent des cœurs.
4) Alors, et alors seulement, peut-être pourrons-nous nous dire que la sainteté est un appel qui nous concerne aussi. Et nous rappeler qu’en tant que baptisés, avec le don de l’Esprit, nous participons déjà à la communion des saints.
Vincent DELCORPS

Cet article provient du Journal Dimanche et vous est offert !
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