Les faucons pèlerins sont très suivis en Belgique, même si, en réalité, toutes les espèces de rapaces sont protégées. Depuis plusieurs années, ils font leur grand retour. Tel est peut-être le secret de leur célébrité. L’emplacement de leur nid au creux de nos clochers a aussi de quoi attirer l’attention.

En juillet 1979, la Belgique recensait un seul couple de faucons pèlerins. Dans les années 80, elle pleurait son dernier specimen. Mais aujourd'hui, « à Bruxelles, on compte désormais une quinzaine de couples qui nichent sur des édifices artificiels comme la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule », nous explique Bruno Portier, volontaire chez Natagora pour le Projet Faucon pèlerin.
Un couple a également élu domicile à Mouscron. Certains oiseaux auraient même trouvé refuge dans la tour de refroidissement de la centrale de Tihange. A Verviers, la Grand Poste et des églises à Liège et Eupen ont également séduit nos amis à plumes.
Les faucons pèlerins aiment prendre de l'altitude
Dans les clochers, les faucons pèlerins peuvent nicher sans aucune intervention humaine. Toutefois, Natagora a choisi d’installer des nichoirs (caisson avec gravier), à certains endroits, pour favoriser l’installation de couples et garantir la sécurité des futures couvées. Et ainsi augmenter les chances de survie des oisillons. « Si les pèlerins n’ont pas peur du froid, les œufs ont besoin de chaleur » précise Bruno. « Il n’y a qu’une seule couvée par an, généralement au début du printemps, avec 3-4 œufs ».
Les pèlerins sont des prédateurs habitués aux environnements rupestres, comme les falaises, ils sont capables de faire des pics à 300 km/h. Ce rapace a d’ailleurs besoin de hauteur pour décoller. Pas étonnant donc qu’ils privilégient les clochers qui culminent dans nos villes et villages. Ils aiment aussi dominer, avoir une large vue sur leur territoire de chasse.

A Aubel, une vie sous étroite surveillance
Bruno a pour mission de surveiller plus étroitement le couple de pèlerins qui nichent dans le clocher d’Aubel (en province de Liège) où une caméra permet de suivre la nidification, l’éclosion et le nourrissage des petits. « J’ai découvert la présence de ce couple il y a quelques années et j’ai demandé pour pouvoir explorer le clocher et y déposer un nichoir. Deux jours après, une femelle s’y était installée ».
Sur le Plateau de Herve, deux autres nichoirs ont été placés au fort de Battice et dans l’église de Herve, mentionne notre expert.
Les faucons pèlerins ne partent plus en migration et séjournent donc toute l’année dans nos régions. Avec l’augmentation de la population, la concurrence entre individus pour occuper des sites de nidification s’est logiquement accrue.
Sauf accident de parcours, les pèlerins sont plutôt des oiseaux fidèles, ils vivent en moyenne entre 15 et 18 ans ; grâce à leur capacité de vol extraordinaire, ils peuvent aussi parcourir de très longues distances pour chercher leur nourriture. Parfois jusque Paris !

Les rapaces sont de précieux collaborateurs
A Aubel, tant le service de l’environnement que la Fabrique d’Eglise ont spontanément collaboré avec le volontaire de Natagora pour optimiser l’installation des pèlerins. Dont la présence se révèle très utile : en effet, les rapaces se nourrissent exclusivement d’autres oiseaux, pigeons et choukas qui ont eux aussi tendance à nicher sur place, parfois juste sous les cloches. « Le son ne semble pas les perturber. Ils s’y habituent » affirme Bruno.
En février, l’expert procède au nettoyage du nichoir. Puis, de l’éclosion vers mars jusqu’à l’envol des jeunes rapaces en juin, il peut observer à distance tout ce qui s’y passe grâce à un système de caméra. Une fois les petits venus au monde, Natagora fait appel à un bagueur professionnel, afin de suivre leur évolution après le départ du nid. Si l'asbl de protection de l'environnement prend en charge la fabrication et l’installation du nichoir, c’est la commune d’Aubel qui a financé l’achat de la caméra de surveillance.
Une faune diversifiée habite nos clochers
En réalité, bien d’autres espèces ont investi nos clochers, souligne encore Bruno. Beaucoup moins médiatisées que nos amis pèlerins ! Notamment les chouettes effraie mais aussi les chauves-souris dont c'était la nuit européenne ce 26 aout.
Nos églises et nos clochers ont ainsi un précieux rôle à jouer sur le plan spirituel, culturel et patrimonial, et désormais environnemental.
Sophie DELHALLE