Cinéma – Une enquête qui rate sa cible


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Cinéma – Une enquête qui rate sa cible
Par La rédaction
Publié le
3 min

Adapté d’un roman, la comédie policière Magnificat pose la question de l’ordination des femmes mais le fait de façon maladroite.

Charlotte (interprétée par Karin Viard), la chancelière de l’évêché de Paris, mène l’enquête… © Move Movie/Terence Films/Orange Studio

Le premier film de Virginie Sauveur risque de faire parler. Magnificat est en effet une libre adaptation du livre Des femmes en noir d’Anne-Isabelle Lacassagne. Ce roman paru en 2017 aborde la question de l’ordination des femmes dans l’Eglise catholique. Son adaptation pourrait donc en choquer certains car la réalisatrice va plus loin encore que l’autrice, versant souvent dans la provocation.

En pleine nuit, Charlotte, la chancelière de l’évêché de Paris, reçoit un appel. Un prêtre très apprécié et qui se battait contre une longue maladie est décédé. D’ordinaire, sa présence n’est pas requise mais le médecin insiste vivement pour qu’elle le rejoigne. Une fois sur place, Charlotte constate avec stupeur que le prêtre qu’elle pensait connaître était en réalité une femme. Ni une ni deux, elle prévient l’évêque. Ce dernier n’en croit pas ses oreilles. Par crainte des répercussions, il choisit de passer cette affaire sous silence mais Charlotte veut en savoir plus. Elle se lance donc dans une enquête secrète pour découvrir le passé de cette femme et les raisons qui l’ont poussée à transgresser les règles.

De la sincérité mais aussi des clichés

La réalisatrice et les producteurs l’affirment, le but de ce film n’est pas d’attaquer l’Eglise. "Il était important pour nous que cette adaptation ne trahisse pas la précision et la bienveillance du roman vis-à-vis de l’Eglise et de la foi." Les équipes ont donc effectué des recherches, se sont entourées de conseillers pour représenter au mieux la vie au sein du diocèse. Anne-Isabelle Lacassagne, l’autrice du roman qui travaillait au service de la catéchèse d’un diocèse en région parisienne au moment de la sortie de son livre, a d’ailleurs été consultée.

Malheureusement, le résultat en images est loin d’être parfait. On sent la volonté de bien faire, mais le film est rempli de maladresses, notamment au niveau des ficelles du récit. Virginie Sauveur multiplie les arcs narratifs. Parmi ceux-ci, certains sont volontairement en opposition avec des positions de l’Eglise. Elle veut introduire de l’humour mais elle le fait au détriment de la crédibilité de son film. Certains clercs ont ainsi des réactions caricaturales, notamment lorsqu’ils cèdent à la panique et tentent d’étouffer l’histoire.

On le comprend rapidement, Magnificat est un film partisan. Il interroge le rôle des femmes dans l’Eglise, mais n’évite pas les clichés et dessert peut-être finalement son sujet. Il faut plutôt le voir comme un film féministe qui interroge plus globalement la place des femmes dans notre société. De ce point de vue, le parcours de cette imposteuse a quelque chose d’émouvant. "Raconter cette transgression, c’était raconter une héroïne qui fait fi de cette interdiction pour vivre pleinement son appel." Le film tente ainsi de façon ténue de mettre en lumière les femmes qui travaillent au sein de l’Eglise. Il aurait peut-être gagné à se concentrer davantage sur ce point.

Elise LENAERTS

Catégorie : Culture

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