C'est le journal Le Soir qui a révélé le contenu d'une note d'orientation émanant du cabinet de la ministre de l'Education. Le quotidien indique que les cours de religion pourraient devenir optionnels. Qu'en est-il réellement?
"Pour l'heure, il ne s'agit que d'une note!", insiste Myriam Gesché, qui préside l'Instance, l'organe mis en place par les diocèses francophones belges chargé de plancher sur l'avenir du cours de religion. "Et cette note est soumise à concertation informelle. On est donc très loin d'une décision." Un constat partagé par Caroline Sägesser, chercheuse au CRISP et spécialiste des cultes et de la laïcité. "Je le croirai quand le décret sera voté", réagissait-elle ce week-end sur son profil Facebook.
Le système actuel suscite pas mal de critiques
Rappel des faits. Aujourd'hui, dans l'enseignement officiel, chaque enfant doit suivre une heure du cours de philosophie et de citoyenneté (CPC). Le programme prévoit également une heure de cours de religion ou de morale laïque – c'est d'ailleurs là une obligation constitutionnelle. Si leurs parents en font la demande, les élèves peuvent toutefois en être dispensés au profit d'une seconde heure du CPC.
🎧 A écouter : Les cours de religion en danger
La situation, toutefois, n'est pas optimale. Certains regrettent que les élèves soient divisés en sous-groupes pour traiter de ces importantes questions de vivre ensemble. D'autres déplorent l'insuffisance des plages horaires accordées aux différents cours. Force est de constater aussi que la formule est très coûteuse. Enfin, dans les milieux laïques, parfois davantage par pure idéologie que pour toute autre raison, on souhaite supprimer toute dimension religieuse de l'école – et ne plus même évoquer les religions dans le CPC.
En 2021, un groupe de travail parlementaire planche sur le sujet. Le scénario de cours de religion optionnels commence alors à circuler. Aujourd'hui, parmi d'autres, ce scénario se retrouve sur une note confidentielle du cabinet de la ministre. Mais cette note doit encore faire l'objet de concertations. Ce jeudi, Etienne Michel, le patron du SeGEC, sera d'ailleurs reçu par la ministre.
"Il y a un manque d'éducation critique à la dimension religieuse"
"Le problème, en Belgique, c'est qu'on voit toujours les choses à travers un bout de la lorgnette, et jamais de façon large", regrette Myriam Gesché. "Pourquoi ferait-on cette réforme? Tantôt on invoque des raisons pédagogiques, tantôt c'est pour donner plus de place à la philosophie, tantôt on évoque des économiques budgétaires… Dans les partis politiques, les personnes en charge de ces questions passent et n'ont jamais une connaissance complète du dossier. Par ailleurs, on ne prend pas la peine d'aller voir ce qui se fait ailleurs en Europe.
Depuis les attentats de 2015, en divers endroits, on se rend pourtant compte qu'il y a un manque d'éducation critique à la dimension religieuse! Parallèlement, les jeunes manquent aussi de clés pour participer à la vie sociale et politique. Le problème chez nous est qu'on voit ces différents aspects en concurrence. Ne faudrait-il pas plutôt combiner ces différents aspects dans le système éducatif?"
Les cultes seront-ils écoutés?
C'est précisément ce que tente le réseau libre. Pour l'heure, deux heures de religion y sont données chaque semaine. Parallèlement, c'est de manière transversale que se transmet l'éducation à la citoyenneté. "Dans le libre, le cours de religion et d'autres cours intègrent des dimensions citoyenne, philosophique", insiste Myriam Gesché. A en croire Le Soir, le libre ne serait pas concerné par le projet de réforme.
Quoi qu'il en soit, l'heure est aux discussions. Une question sera suivie avec intérêt: les représentants des différents cultes seront-ils reçus par le cabinet de la ministre? Cela serait logique. Mais ils avaient été ignorés par le groupe de travail parlementaire en 2021…
Vincent DELCORPS