
« La façade tient encore. » C’est ce que nous disait, il y a peu, un évêque belge qui analysait la situation de l’Eglise en nos régions. Et de fait: en apparence, les chrétiens occupent encore des positions importantes dans la société. D’innombrables clochers, de multiples écoles « catholiques », des services d’aumônerie, des cours de religion… Mais derrière la façade, la réalité est tout autre. Ceux qui vivent l’Eglise de l’intérieur savent que les communautés se font moins nombreuses, qu’en bien des lieux, le dynamisme se réduit, que les ressources ne sont plus ce qu’elles étaient.
Une crise? Oui, bien sûr. Et le constat n’est pas neuf: depuis plusieurs décennies, de nombreux analystes ne craignent plus de soutenir que l’Eglise est en crise dans nos régions. Accepter sereinement ce constat permet de l’analyser, d’y réfléchir. D’inventer des chemins nouveaux plutôt que de se battre pour maintenir des positions.
Dimanche entend participer activement à la réflexion. En deux temps. Cette semaine, on se plonge dans le passé de l’Eglise; la semaine prochaine, on se mettra à l’écoute de catholiques qui prennent le risque de proposer des réflexions nouvelles.
Prendre le temps de relire l’histoire de l’Eglise, donc. Pourquoi? Pour quoi? Trois éléments.
1) Pour se rappeler, tout d’abord, que l’Eglise est une organisation (aussi) humaine et un corps en mouvement. Qu’au fil des siècles, elle a changé. Profondément! Et qu’au fil des ans, elle en a traversé des crises. Si elle est toujours là, ce n’est pas seulement parce qu’elle est (aussi) divine. C’est également parce qu’elle a su évoluer.
2) Pour se rendre compte que, contrairement à ce que l’on croit parfois, ce n’était (franchement) pas mieux avant. L’histoire de l’Eglise est parsemée d’ombres et de lumières. Si l’Eglise fut longtemps bien plus puissante qu’elle l’est aujourd’hui, constatons que la puissance lui a fort peu réussi. Serait-ce une raison de se réjouir des temps que nous vivons?
3) Pour percevoir que son histoire n’a pas seulement été tracée par des papes et des évêques. Mais aussi par de courageux anonymes, d’exceptionnels gens ordinaires, des saints du quotidien. C’est en vivant de l’Evangile que ces hommes et ces femmes ont permis à l’Eglise de traverser les siècles. Pas moins qu’hier, leur rôle est aujourd’hui nécessaire.
Vincent DELCORPS