Doit-on s’inquiéter de la future éducation affective et sexuelle de nos enfants à l’école?


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Doit-on s’inquiéter de la future éducation affective et sexuelle de nos enfants à l’école?
Par Angélique Tasiaux
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

La sortie du guide pour l'EVRAS, l'Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle suscite l'inquiétude parmi certains spécialistes de l'enfance et de nombreux parents.

Récemment édité à l'attention des "acteurs et actrices" qui œuvrent en milieu scolaire, le nouveau guide EVRAS (Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle) présente "une approche basée sur les besoins des jeunes", étayée par des échanges nourris avec 380 individus, âgés de 5 à 25 ans.

Toujours en attente de validation

A noter que ce guide entend proposer "des balises pour aider les acteurs et actrices dans l’élaboration des interventions d’EVRAS, mais aussi pour permettre à chaque enfant et jeune d’avoir accès aux mêmes informations". Il s'agit donc d'un document à l'attention des professionnels et non d'un manuel pour les élèves.

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Réalisé par la Fédération laïque de Centres de Planning familial (FLCPF) et O’YES (Organization for Youth Education & Sexuality – anciennement SIDA’SOS), le guide a été conçu par un comité de pilotage et des comités opérationnels, au nombre desquels se trouvent l'UFAPEC (Union francophone des associations de parents de l'enseignement catholique), mais aussi le SeGEC (Secrétariat général de l'Enseignement catholique). Néanmoins, celui-ci n'a pas encore été approuvé ni validé, le document pouvant encore être soumis à modification, nous précise-t-on.

Des pédopsychiatres expriment leur réserve

Interrogé sur le plateau de LN24, Jean-Yves Hayez, pédopsychiatre et professeur émérite à l'UCLouvain estime que ce document "entre dans bien trop de détails sur des points qui n'intéressent pas la majorité des enfants, mais que le guide considère comme essentiel qu'ils soient acquis par eux". Un point préoccupe davantage encore le professeur : l'idée d'autodétermination. "L'enfant peut faire n'importe quoi, pour peu qu'il y ait du consentement bilatéral. Je ne vois pas quelle place on laisse à l'autorité parentale et au cadre social."

De son côté, interviewée par RTL-TVI, Sophie Dechêne, également pédopsychiatre, reconnaît que certaines parties de ce guide sont très bien faites, mais qu'il y a aussi "des parties qui ne correspondent pas du tout aux besoins des enfants". Elle y voit "un risque d'intrusion psychique chez l'enfant, qui est potentiellement traumatique, avec un risque de conséquence sur la santé mentale au long terme, et même sur la vie sexuelle d'adulte". En d'autres mots, la spécialiste estime qu'"il ne faut pas faire d'une rareté une généralité".

Pour le psychiatre et psychanalyste Jean-Pierre Lebrun, "on voit s'avancer une idéologie qui passe de l'information à la formation. Or l'enfant doit faire un trajet pour s'approprier ce qui lui vient d'ailleurs." Dès lors, anticiper ses questions revient à "aller à l'encontre de l'autonomie en travail", à bousculer le parcours de l'enfant par un questionnement d'adulte.

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Pour l'UFAPEC et le SeGEC, la vigilance reste de mise

Parmi les intervenants dans la rédaction du document figure notamment l'UFAPEC. Son porte-parole, Bernard Hubien, tient à préciser que "le guide est à destination des professionnels qui vont assurer des animations dans les écoles. Il n'est ni un référentiel ni un programme, mais il doit aider les professionnels à faire face à des questionnements. Il faut pouvoir répondre aux questions qui surviennent à tout âge. Il n'y a pas de question d'enfant qui ne soit pas légitime, même sur des questions délicates."

Toutefois, Bernard Hubien confirme la présence de certains éléments de temporalité "litigieux" et des problèmes "dans le fait d'aborder certaines questions à des moments peu adaptés". Tout en se réjouissant de la conception de ce guide, il tient à rappeler que "le relationnel et l'affectif ne sont pas subordonnés au sexuel. Celui-ci n'est pas premier".

Quant au SeGEC, le coordinateur opérationnel du service communication, Arnaud Michel, reconnaît qu'il y a "quelques éléments qui posent question, surtout en fonction des tranches d'âges citées". Cela n'empêche pas le SeGEC de "rester ouvert au débat sur la suite qui sera apportée à ce guide et aux éventuelles modifications".

Angélique TASIAUX


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