Vendredi 11 novembre, le bâtiment rénové du Foyer Catholique Européen, rue du Cornet à Etterbeek, était inauguré en présence de la reine Paola. Mgr Kockerols, évêque auxiliaire, a procédé à la bénédiction du lieu.
Les travaux emmenés par un maître d’ouvrage très impliqué, Massimo Merola, sous la direction des deux architectes, Anita Napoleone et Silvia Passoni, ont abouti au réaménagement total des espaces pour être plus en adéquation avec la poursuite de sa mission : la vie pastorale auprès des fonctionnaires européens italiens.
Le Foyer Catholique Européen qui fête ses 60 ans, accompagne les familles, préparent les enfants au baptême et à la communion, y accueille un groupe scout d’une soixantaine de membres.
Au cœur de cette maison, au premier étage, se déploie sur 125m2 une large chapelle contemporaine de 100 places consacrée à l’Esprit Saint. Don Claudio Visconti a sollicité Andrea Mastrovito, artiste de renommée mondiale, pour la décoration de ce lieu unique : de cette collaboration, est née une impressionnante fresque de marqueterie en bois qui couvre les murs de celle-ci.
"Pourquoi avez-vous si peur, hommes de peu de foi ?"
Andrea Mastrovito nous indique que la fresque se lit de droite à gauche. Sur les panneaux du fond, on voit les bateaux en prise avec une mer déchaînée. Les vagues sont constituées de pages de la bible en différentes langues, dans une variation de teintes sépia. On découvre véritablement un océan de mots menaçant pour les hommes, frêles créatures de Dieu ; cette allégorie exprime qu’il n’est pas facile d’affronter et de comprendre la force de l'Esprit.
Cependant, il ne s’agit pas d’en avoir peur, même au milieu de la tempête, comme nous le partage l’artiste. « Mes œuvres ont toujours quelque chose de "menaçant" qui nous rappelle le caractère éphémère de notre existence, et donc la nécessité d'agir, à chaque instant, pour le bien. »
Le pan de mur auquel on fait face en accédant à la chapelle, nous montre l’Esprit Saint comme un feu qui dévore une nature sans homme mais qui ne les brûle pas cependant. Dans ce paysage aride, les silhouettes des arbres rappellent celles de la végétation battue par les vents, confrontée aux éléments, symbole de la vie qui résiste vaille que vaille.
Un autre consolateur : l’Esprit de vérité
L’œuvre se poursuit sur le pan de mur à gauche derrière l’autel : le feu de l’Esprit Saint a gagné de nouvelles contrées, la silhouette légère des bouleaux se dessine. La chouette, première des animaux européens bibliques apparaît s’élevant des flammes ; elle veille sur les hommes.
La fresque en écho aux œuvres des œuvres anciennes truffées d’allusions codées, propose un second niveau de lecture avec ces animaux disséminés qui symbolisent les dons de l’Esprit Saint ; Don Claudio Visconti tout comme Andrea Mastrovito insistent sur la visée éducative de l’œuvre qui est là pour émerveiller mais aussi pour susciter des interrogations.
Ensuite le feu se mue en flammes virevoltantes dont la pluie bienfaisante tombe sur tous les hommes ; les incroyants qui l’accueillent avec surprise et incompréhension mais l’accueillent tout de même. Le panneau derrière l’autel, lui, réunit la foule des croyants qui espèrent et recueillent les langues de feu de la Pentecôte. Le titre de l’œuvre qui est « Giovanni 14 :16-17 » est éclairante : « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. » L’Esprit Saint est la promesse de notre Dieu, le compagnon de nos jours et la merveille de nos vies.
A gauche, se presse la foule des humains dans l’attente et dans la faim : Femmes, hommes et enfants, sont massés dans une file triste et résignée. Elle a émergé du trait nerveux de l’artiste et a été transposée dans le dégradé de tons naturels des différentes essences de bois. Andrea Mastrovito souligne que le papier des bibles est aussi produit à partir de pâte de bois si bien que même si sa composition semble de plusieurs natures, elle n’en est bien d’une seule, poursuivant ainsi la métaphore de l’humain dans toute sa diversité, peuple-kaléidoscope mais unique d’un Dieu unique matérialisé ici par l’Esprit Saint.
Bible et Esprit Saint
Le dialogue entre le dessin de l’autel et celui de l’ambon conclue l’œuvre. Sur l’autel, la croix évidée sur l’autel ne se dessine que par les feuilles de bible qui volent à son entour : il s’agit du mystère du Christ incarné qu’on ne peut appréhender que par la Parole. Par opposition, sur l’ambon, figure une croix constituée de fragments de page de bible, manifestation tangible et lieu de ressourcement en l’Esprit Saint.
Andrea Mastrovito remercie la communauté du Foyer Catholique Européen de lui avoir laissé carte blanche dans la réalisation de l’œuvre, une fois les contours de la mission définie. Ce fut pour lui son deuxième lieu de culte catholique après les vitraux de l’église Saint-Jean-XXIII du nouvel hôpital de Bergame. Il s’est nourri de ses conversations avec le théologien, Don Giuliano Zanchi avant de se lancer dans la réalisation de l’œuvre.
Ce très beau lieu de culte contemporain a été béni par mgr Kockerols en présence de mgr Beschi, évêque de Bergame, et mgr Skrlec de la Nonciature auprès de l’ U.E.. Don Claudio Visconti nous rappelle combien ce lieu a pour vocation d’un lieu ouvert sur non seulement sur le quartier mais aussi à toutes les communautés chrétiennes sensibles au charisme de l’Esprit Saint : Une inauguration en forme d’envoi en mission en somme.
Anne Périer