Visite ad limina: en 2010, « Benoit XVI rayonnait de bienveillance »


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Visite ad limina: en 2010, « Benoit XVI rayonnait de bienveillance »
Par Vincent Delcorps
Publié le - Modifié le
4 min

La semaine prochaine, les évêques de Belgique seront en visite ad limina au Vatican. C’est l’occasion de se replonger dans les archives. En 2010, c’est Benoit XVI que les Belges avaient rencontré. Ayant participé à la rencontre en tant qu'administrateur du diocèse de Namur, le chanoine Jean-Marie Huet nous partage ses souvenirs.

La majestueuse place Saint Pierre au Vatican qui a vu passer tant d'êveques, prêtres et baptisés... (c) CC-BY-SA 3.0 Jean-Pol Grandmont

Après que Mgr Léonard eut été transféré au siège épiscopal de Malines-Bruxelles et avant son entrée en fonction en qualité d’archevêque, le siège épiscopal de Namur est devenu vacant. Comme le prévoit le droit canonique, les six prêtres issus du Conseil presbytéral (appelés Consulteurs) devaient choisir un Administrateur du diocèse durant la vacance du siège namurois. Je fus élu à cette fonction par les Consulteurs le 1er mars 2010 et je l'ai exercée jusqu’au 31 mai 2010. À cette occasion, il me fut donné de participer à la visite ad limina des évêques belges à Rome du 3 au 8 mai 2010. Cela reste pour moi une expérience inoubliable à plus d’un titre. Seule ombre au tableau : venait d’éclater « l’affaire Vangheluwe » qui provoqua un tsunami dans l’Église de Belgique…

Deux "simples prêtres"

Le siège épiscopal de Bruges était également vacant. Nous fûmes donc deux “simples prêtres” à participer à cette visite : l’abbé Koen Vanhoutte, vicaire général de Bruges (qui deviendra plus tard évêque auxiliaire pour le Brabant flamand), et moi-même. Après un vol avec Alitalia, nous avons séjourné à Rome du 3 au 8 mai, hébergés au Collège belge. Munis des rapports sur l’état de nos diocèses respectifs, nous consacrions nos journées aux visites dans les différents Dicastères romains : deux visites par jour, tous ensemble dans les Dicastères les plus importants (Doctrine de la Foi ; Congrégations pour le Clergé, pour les Évêques, pour la Vie Consacrée) ou en plus petit comité dans les autres Dicastères selon nos compétences.

C’est ainsi que le matin du 7 mai, j’ai rencontré Mgr Coccopalmerio et Mgr Herranz, respectivement président et secrétaires émérites du Conseil Pontifical pour les Textes Législatifs. À trois, pendant deux heures, nous avons échangé sur le droit canonique et les relations Église-État en Belgique. Le soir, après dîner, nous partagions nos impressions sur nos rencontres ou rendions quelques visites, notamment à l’Ambassade belge auprès du Saint-Siège. 

L'atlas du Pape

Le sommet de la visite – si j’ose ainsi m’exprimer - fut la rencontre personnelle avec le pape Benoît XVI. C’était le samedi 8 mai. Le Saint-Père nous reçut chacun individuellement pendant 20 minutes. Il avait devant lui un atlas ouvert à la page de la Belgique et nous interrogeait sur la vie de l’Église dans notre diocèse et dans le pays. J’ai constaté qu’il en avait une connaissance approfondie. Il nous quitta après la photo finale pour assister à la prestation de serments de nouveaux Gardes Suisses. Une délégation de ces derniers vint le chercher dans son bureau avec toute la solennité voulue pour cet événement, formant escorte jusqu’à la cour d’honneur des Palais Pontificaux. 

Entre le Pape Benoît XVI et Jean-Marie Huet, un atlas... ©OR

Pour plusieurs raisons, je garde un souvenir ému de cette visite. D’abord en raison de l’accueil chaleureux des évêques envers les deux prêtres qui les accompagnaient et de Mgr Dirk Smet, recteur du Collège belge (hébergé Via Aurelia par les Frères des Écoles Chrétiennes). Ensuite parce qu’il nous fut donné de rencontrer – parfois longuement – les prélats responsables des Dicastères avec lesquels nous étions en contact par notre travail au sein des Curies diocésaines. Nous pouvions ainsi mettre des visages sur les noms cités dans nos correspondances romaines. Enfin et surtout en raison de l’accueil paternel de Benoît XVI envers chacun d’entre nous, et dans un français impeccable teinté d’accent bavarois. Cet homme de Dieu, puissant par sa pensée et par sa fonction, rayonnait de bienveillance et de bonté envers ses interlocuteurs.  

Petite anecdote : les évêques recevaient en cadeau une croix pectorale. Venant en dernier, je me suis demandé ce que j’allais recevoir. Eh bien, ce furent : un chapelet (courant chez les papes : j’en ai reçu un en mai 1985 des mains de Jean-Paul II car j’y étais diacre de la Parole lors de la messe sur la prairie) et… le texte du discours de Benoît XVI à la fin de la Visite, ce qui provoqua l’hilarité de Mgr Léonard et de Mr Hoogmartens.

Benoit XVI offre à Jean-Marie Huet le texte de son discours, sous le regard amusé de Mgr Léonard

Les visites ad Limina marquent le lien étroit de chaque Église diocésaine avec le siège de Pierre et Paul. Celle de 2010 à laquelle j’ai participé, est à jamais gravée dans ma mémoire. 

✍️ Jean-Marie Huet

Voir aussi : Visite ad limina: en 2003, « les évêques belges avaient accusé le coup »

Ce témoignage, comme celui de Mgr Harpigny, est extrait du dossier de Dimanche n°41, daté du 20 novembre 2022.


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