Le vendredi 25 novembre, à 20h, l’église Notre-Dame de Dieupart, à Aywaille, accueillera la première représentation d’un spectacle inédit mêlant orgue, saxophone et texte de la Genèse. Baptisé Churchify, ce projet est notamment porté par Jacques Mercier qui a accepté de répondre à nos questions.

« Ce spectacle est une première », nous explique Jacques Mercier, l’ancien animateur vedette de la RTBF. « C’est un projet qui traine depuis longtemps, mais qui a été retardé par la pandémie ». Stéphane Mercier* et Philip De Cock**, musiciens et talentueux, ont réalisé des arrangements qu’ils font écouter à Jacques Mercier. « On se demande alors si on n’y intégrerait pas des textes ».
Jacques Mercier choisit la plus ancienne version de la Genèse
« Depuis longtemps, et encore plus avec l’âge, je m’interroge d’où on vient, où l’on va. » Le choix se porte alors sur la Genèse, dont « Monsieur Dictionnaire » compulse différentes versions. « L’idée était de voir s’il serait possible de découper la Genèse en 12 parties pour accompagner les 12 morceaux. Et par miracle, ça collait parfaitement ! » Ce miracle est-il dû à la variété des morceaux ou à l’intelligence du texte de la Genèse qui s’adapte à toutes les musiques ? Nul ne saurait le dire mais « nous avons ressenti une grande osmose » raconte encore Jacques Mercier.
Restait alors à déterminer quelle version du texte biblique accompagnerait les arrangements. « Je me suis tourné vers un spécialiste, André Wénin (professeur d’Ancien Testament à l’UCLouvain, ndlr), qui m’a conseillé la plus ancienne version, traduite de l’araméen. J’ai alors commencé à travailler le texte et nous nous sommes rencontrés plusieurs fois ».
« Ce sera un peu comme un slam »
Pour Jacques Mercier, la Genèse, c’est avant tout un texte poétique et religieux bien sûr, mais aussi un conte philosophique, une révélation, un texte par endroits difficile, parfois contradictoire, enfin un texte essentiel qu’on croit ou pas.
« Dans ce spectacle, j’aborde la Genèse comme la poésie, il n’est pas question de comprendre mais de ressentir. » Une approche tout à fait pertinente sachant que les textes bibliques de l’Ancien Testament sont la retranscription d’une longue tradition orale où la rythmique avait toute son importance. « Ce texte original est un texte qui doit être dit. André Wénin m’a d’ailleurs conseillé de lire le texte avec scansion. Ce sera un peu comme un slam. Tout le texte sera lu comme cela. C’est en fait tout l’intérêt du spectacle. »

La Bible s’adapte à tout
Jacques Mercier est-il croyant ? « Oui, évidemment, sinon je n’aurais pas contribué à ce spectacle ». Monsieur Dictionnaire s’intéresse à tout, et les lectures scientifiques viennent plutôt conforter sa foi. « Mon père m’a dit un jour, et je crois qu’il avait raison, que la Bible est un texte tellement sacré qu’il s’adapte à tout ». Même à la science. Et c’est un peu aussi le défi relevé avec le spectacle Churchify qui met en musique le récit de la Création, sur des arrangements de Sia, Gotye, Prince, Rihanna, Pharrell Williams ou encore Amy Winehouse mais aussi des grands airs « classiques » tels que Over the Rainbow, Summertime ou My Funny Valentine.
Churchify ? Kesako ?
Pourquoi le spectacle s’appelle-t-il Churchify ? Ce nom n’a pas de lien avec la Genèse mais plutôt avec la musique, puisque l’album a précédé le spectacle. « Churchify veut dire donner une résonnance « église », presque sacrée, grâce à la sonorité de l’orgue, à des morceaux contemporains ». Une belle manière de montrer l’éventail de possibilités qu’offre cet instrument. Et que la musique moderne a également sa place dans les édifices religieux.
Une date unique … pour l’instant !
Dans le futur, le spectacle devrait s’enrichir : lumière, son, image, projection. «On est au tout début. Cette première représentation nous permettra de voir si le spectacle est compréhensible, si la magie opère, comment le texte est reçu par le public. »
Si vous ne pouvez pas vous rendre à Aywaille le 25 novembre, sachez qu’une seconde représentation est programmée au Festival de Jazz de Dinant, fin juillet. On nous annonce également une série de représentations pour la période de Noël 2023.

🎧 Si vous souhaitez dès à présent vous plonger dans l’ambiance du spectacle, l’album Churchify (instrumental) est disponible en ligne, notamment sur Spotify et Deezer.
Sophie DELHALLE
ℹ Infos et billets
Où? église Notre-Dame de Dieupart à Aywaille
Quand ? Le vendredi 25 novembre à 20h
PAF : Adultes 22 € / enfants -12 ans 12 €
Réservation : www.messpectacles.be
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* Stéphane Mercier saxophone alto, flûte traversière – Jazz Studio à Anvers, Conservatoire royal de Bruxelles, diplômé du College of Music de Berklee (Boston USA) et entre autres à la tête du Jazz Station Big Band.
** Philip De Cock orgue d’église – diplômé du Conservatoire royal de Liège et entre autres, dernier accompagnateur de Maurane et réalisateur de son album posthume « Brel ». Il a aussi accompagné Bashung, Philippe Lafontaine, Lara Fabian… mais également des jazzmen belges comme Philip Catherine ou Toots Thielemans.