Le 11 octobre 1962, le concile Vatican II était officiellement ouvert. Voulu par le pape Jean XXIII, ce concile devait renouveler l’Eglise catholique en profondeur. Qu’en est-il aujourd’hui des acquis de Vatican II et de sa réception par le Peuple de Dieu ? Nous avons posé la question au père Ignace Berten et au père Joseph Famerée.
Dominicain belge, le père Ignace Berten a vécu de près les travaux du concile Vatican II en tant que jeune théologien. Depuis 60 ans, il est également un observateur averti de l’évolution de l’Eglise. Pour lui, le concile, qui s’est déroulé entre 1962 et 1965 à travers quatre sessions, a effectivement renouvelé de nombreux aspects de la théologie et de la pratique de l’Eglise, malgré certains coups de frein. Professeur émérite et ancien doyen de la faculté de théologie de l’UCLouvain, le père Joseph Famerée a longtemps étudié et enseigné l’ecclésiologie, l’œcuménisme et l’histoire des dogmes. Pour lui également, Vatican II a marqué durablement la pensée et la vie de l’Eglise catholique.
Comment le concile est-il né?
Ignace Berten: Le concile a été lancé par Jean XXIII, à la surprise de tout le monde, avec ce mot d’ordre: "aggiornamento", ce qui signifie "mise à jour", "adaptation". Jean XXIII a bien perçu que quelque chose n’allait plus dans la manière d’être de l’Eglise. Pour toute une partie de l’Eglise, en tout cas en Europe et aux Etats-Unis, l’annonce du concile a suscité un énorme espoir.
Joseph Famerée: Lorsque Jean XXIII a annoncé la tenue d’un nouveau concile, le 25 janvier 1959 devant les cardinaux romains, ce fut la stupéfaction. Puisqu’on avait un pape avec un magistère infaillible, comme cela avait été défini au concile Vatican I (1870-71), une partie des catholiques considérait qu’on n’avait plus besoin d’un concile…
Jean XXIII voulait ouvrir les portes et les fenêtres de l’Eglise catholique sur le monde, ce qui tranchait considérablement avec la mentalité de "forteresse assiégée" qui prévalait alors. Il espérait que ce concile général soit comme une nouvelle Pentecôte pour l’Eglise catholique.
Propos recueillis par Christophe HERINCKX