La Fondation Boghossian, installée sur l’artère Franklin Roosevelt à Ixelles, a inauguré hier sa nouvelle grande exposition ‘Flags’. En couleurs ou en monochrome, les créations artistiques donnent un autre sens aux drapeaux.

« Flags, c’est le pendant de l’exposition installée en mars 2020 dans ces mêmes lieux« , indique Alfred Pacquement, commissaire de ces deux expositions. Il y a deux ans, les murs et espaces de la Villa Empain étaient recouverts de cartes, pour « Mappa Mundi ». Depuis ce mercredi et jusqu’en janvier prochain, ce sont les drapeaux sous toutes les formes qui ornent les différentes pièces. L’ironie n’est pas moindre pour ce bâtiment, qui servait autrefois d’ambassade, encore entouré aujourd’hui d’autres édifices diplomatiques.
Dès l’entrée dans la Villa Empain, la surprise grandit en découvrant la première œuvre, « To breathe – The Flags ». Inutile d’essayer de reconnaître tel ou tel drapeau qui flotte au-dessus de nos têtes dans le Grand salon. Les motifs ont été mélangés par l’artiste sud-coréenne Kimsooja. Une preuve en images de ce que répète le commissaire de l’exposition: « ce thème des drapeaux représente une manière de regarder le monde qui nous entoure.«

Quand le jaune et le bleu dominent…
La fondation Boghossian qui organise cette exposition est spécialisée dans la rencontre des cultures. « Nous sommes ambassadeurs de la cause des migrants« , confirme celui qui a contribué à monter Flags. Cela se ressent avec l’œuvre « Variations sur le thème des nations » pour lequel l’artiste Pierre Bismuth a rapproché les drapeaux des pays d’origine des migrants (par exemple le jaune et le bleu de l’Ukraine) avec les pavillons des potentiels pays d’accueil.
Plusieurs œuvres exposées ont été créées pour cette présentation à la Villa Empain. D’autres existaient précédemment et ont pu être adaptées pour l’occasion. C’est le cas de « Printemps perdus » imaginé en 2017 par Mounir Fatmi, artiste marocain, pour raconter la chute de certains leaders arabes. Le mat de leurs drapeaux est remplacé par le bâton d’un balai, puisque les dirigeants de Tunisie, Egypte, Libye et Yémen ont été « balayés » par les soulèvements populaires.
Entre rire et critique
Il est possible de visiter cette exposition Flags en étant sensible à la beauté graphique de ces drapeaux. Certaines œuvres peuvent prêter à sourire, comme ces trois coquetiers présentés par le Belge Marcel Broodthaers aux couleurs noir-jaune-rouge. L’ironie ne manque pas non plus en voyant la recomposition du drapeau français en empruntant le bleu-blanc-rouge de trois vêtements récupérés en Belgique, écusson de la SNCB faisant foi sur l’un de ces tissus.
L’exposition ne fait évidemment pas l’impasse sur les jours de liesse, pour la création de la Belgique d’une part, mais aussi à l’issue de la guerre de 1914-18. Les drapeaux étaient de sortie, plusieurs tableaux l’illustrent.
Flags fait enfin la part belle aux emblèmes qui sont le plus représentés: le drapeau américain d’une part, le français d’autre part. L’artiste Jasper Jones, par exemple, a fondé toute une mouvance pop art en revisitant les étoiles et les bandes rouges du drapeau américain. Ce détournement de l’emblème national a été longtemps critiqué et même sanctionné. Depuis 1968, cette révision artistique des drapeaux représente le moyen d’expression privilégié pour critiquer certaines positions politiques: la guerre, le colonialisme, etc.

En pratique
L’exposition Flags est à voir jusqu’au 22 janvier 2023, du mardi au dimanche de 11 à 18 heures.
📍 Avenue Franklin Roosevelt, 67 – 1050 Bruxelles
Photos: (c) Cathobel / AFdB (sauf la photo de Une fournie par la Villa Empain)