La Cour Suprême du Pakistan a accordé la liberté sous caution à trois chrétiens accusés de blasphème, dans deux procédures distinctes.
Dans le premier cas, les juges ont accordé la liberté sous caution à Salamat Mansha Masih, en prison depuis 18 mois pour une accusation de violation de la loi sur la loi sur le blasphème, rapport l’agence vaticane Fides. L’homme travaillait comme éboueur, à Lahore. Il a été arrête avec son collègue Haroon Ayub, après que quatre étudiants musulmans ont déposé une plainte contre eux, les accusant de prêcher le christianisme et d'offenser l'islam. Haroon Ayub avait été libéré sous caution en février 2021.
"Je n'ai jamais vu un cas où un chrétien a accusé un musulman de blasphème. Nous devrions être reconnaissants à nos frères chrétiens pour leurs efforts de nettoyage de nos villes", a expliqué le juge en accordant la liberté sous caution.
En prison depuis plus de quatre ans
Dans la seconde affaire, deux chrétiens, Patras Masih et le pasteur protestant Raja Waris, ont été libérés sous caution par les juges de la Cour suprême. Patras Masih, âgé aujourd’hui de 22 ans, est en prison depuis quatre ans et demi, accusé d'avoir tenu des propos désobligeants à l'encontre du prophète Mahomet. Il a été accusé en février 2018 d'avoir publié sur Facebook une photo considérée comme un message blasphématoire. Le pasteur protestant Raja Waris était en prison depuis 20 mois également pour un message sur Facebook. L'homme avait retiré le message incriminé, mais les accusations portées contre lui ont abouti à son arrestation.
Joseph Jansen, président de l'ONG " Voice for Justice ", célèbre militant des droits de l'homme, s’est félicité la décision de la Cour suprême. "Nous apprécions les juges d'avoir accordé la liberté sous caution aux trois chrétiens, mais nous restons très préoccupés par l'utilisation abusive des lois sur le blasphème, utilisées pour cibler des personnes innocentes".
Assurer la protection et la justice
"Les trois personnes sont libres pour l'instant, mais elles ont vécu des moments terrible. La procédure n'est pas encore terminée. Le gouvernement et la Cour suprême doivent également œuvrer pour leur protection et pour garantir la justice pour tous les citoyens, quelle que soit leur religion" a relevé Ashiknaz Khokhar, un militant chrétien des droits humains.
Selon la Commission nationale Justice et Paix des évêques catholiques du Pakistan, six chrétiens accusés de blasphème ont été libérés sous caution en 2022.
Selon le "Centre for Social Justice", 1’949 personnes ont été accusées en vertu des lois sur le blasphème entre 1987 et 2021. Ce nombre comprend 928 musulmans, 643 ahmadis (musulmans réformistes), 281 chrétiens, 42 hindous et 55 personnes de confession inconnue.
cath.ch/fides/mp