La publication hier de la manière dont les évêques flamands veulent accompagner les personnes homosexuelles amène un débat: l'Eglise néerlandophone est-elle une pionnière ou va-t-elle trop loin ?
Ce mardi 20 septembre, la nouvelle venue de l'Eglise en Flandre vient surprendre le monde catholique : les évêques néerlandophones vont un pas plus loin dans l'accueil et la reconnaissance des couples homosexuels.
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D'où cette initiative vient-elle ?
"C'est un énorme bond en avant", reconnaît Willy Bombeek, coordinateur des points de contacts Homosexualité et Foi, dans un entretien publié par Kerknet. Il y explique la genèse de cette réflexion, qui a été largement catalysée par différentes interventions du pape. Willy Bombeek, lui-même religieux et gay, confie: "en tant que croyant LGB [Lesbien, Gay, Bisexuel], vous avez été baptisé et donc, entant qu'enfant de Dieu, vous faites partie intégrante de l'Église. La base en était la déclaration du pape lorsqu'il a dit lors d'un vol de retour à Rome : 'Qui suis-je pour juger?' "
Le désormais coordinateur des Points de contacts Homosexualité et foi a pris le temps d'écouter différents spécialistes (tel que le frère dominicain Timothy Radcliffe), de discuter avec des prêtres, des religieux, des chrétiens engagés, et de lire sur le sujet, notamment les travaux de José Davin, jésuite belge francophone.
Il se trouve qu'en France, certains services pastoraux LGB existent. Willy Bombeek a passé une journée dans le diocèse d'Angoulême, par exemple, avec une équipe composée d'un prêtre, d'un théologien, d'un médecin homosexuel lui-même et de parents de personnes LGB. "ça m'a beaucoup inspiré", conclut-il. "La France m'avait appris à ne pas oublier les parents. Après tout, le coming-out d'un enfant est aussi le coming-out des parents."
Le débat apparaît dans les médias…
Peu après la publication de la nouvelle direction prise par l'Eglise en Flandre, les médias couvrant les sujets religieux ont constaté : "Une initiative qui va à l’encontre d’un avis du Vatican émis l’an passé par le dicastère pour la doctrine de la foi." (La Croix) De même que Famille chrétienne rappelle le " ‘Responsum’, en date du 22 février 2021, rédigé par la congrégation pour la Doctrine de la foi [qui] déclarait que les bénédictions des couples homosexuels n’étaient pas licites."
Le site Aleteia pose à son tour la question: "Les évêques flamands vont-ils vraiment accorder la bénédiction aux couples homosexuels ?" En interrogeant le père Tommy Scholtes, le blog catholique montre qu'il s'agit avant tout d'une proposition de prière avec des personnes homosexuelles. Ce mercredi 21 septembre, le fondateur de la communauté Bethanie confirme dans la Croix : "La Conférence épiscopale belge, dans son ensemble, s’est positionnée alors très clairement, dans une magnifique unité, dans le sens de la compassion envers les personnes homosexuelles. "
"La Flandre est une pionnière dans l'Église universelle", relève le théologien Hans Geybels (KU Leuven), cité dans De Tijd: "C'est une très vieille demande de la communauté gay que l'église donne sa bénédiction sur leur relation. Maintenant, cela se fait de temps en temps par des prêtres individuellement, mais cela n'a jamais été officialisé ou officiellement reconnu par l'église. Que cela se produise maintenant est sans précédent." Plusieurs autres médias flamands ont fait appel au professeur de droit canon Rik Torfs, celui-ci constate (dans Gazet van Antwerpen) que le texte des évêques parvient à "éviter certains écueils", notamment en ne précisant pas si c'est un prêtre qui préside la prière. "Il n'est dit nulle part que la bénédiction sera donnée par un prêtre. Il est dit qu'on demandera à Dieu s'il peut bénir la relation."
Selon le père Tommy Scholtes, porte-parole francophone des évêques de Belgique, le document publié par les évêques flamands ne parle aucunement d'une "bénédiction nuptiale" qui serait donné au couple de même sexe qui s'engage dans une relation.
AF dB (avec le SIPI) / CH
