Assise est-elle devenue la capitale de la nouvelle économie ?


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Assise est-elle devenue la capitale de la nouvelle économie ?
"Vous vivez votre jeunesse à une époque qui n'est pas facile", concède le pape en s'adressant aux jeunes entrepreneurs du monde entier. (c) Economie de François
Par Anne-Françoise de Beaudrap
Publié le - Modifié le
4 min

De nombreux jeunes l'attendaient depuis trois ans, un millier d'entre eux ont pu participer au rassemblement de l'Economie de François à Assise. Ce sommet de jeudi à samedi dernier s'est clôturé par la visite du pape François, en "ami et père".

"Vous vivez votre jeunesse à une époque qui n'est pas facile", concède le pape en s'adressant aux jeunes entrepreneurs du monde entier.
(c) Economie de François

Le Pape François est l'instigateur de cette démarche. Il y a trois ans, il a adressé une lettre aux jeunes du monde entier pour qu'ils s'engagent, chacun et chacune, pour une économie plus humaine et plus juste. "Pour beaucoup d'entre vous, cette lettre [du 1er mai 2019] a réveillé un appel en vous."

Samedi dernier, plusieurs jeunes en ont témoigné. "Merci d'avoir cru en nous!" a répété l'animatrice sur scène, en rappelant que "nous, les jeunes, sommes le présent et pas l'avenir." Serena, étudiante qui veut "ne jamais cesser de chercher", reconnaît: "Sans cet appel de l'Economie de François, je n'aurais pas poursuivi les études de doctorat."

Un environnement où l'être humain peut s'épanouir

Ecouter les multiples témoignages permet de prendre conscience de la diversité des sujets pris en compte par cette initiative dénommée l'Economie de François: agriculture en lien avec la justice, respect du droit des femmes, inclusion des personnes y compris les prisonniers... Par exemple, Henri (Bénin) raconte comment il a pu monter un projet de conversion d'une substance toxique qui pollue les fleuves et ralentit la navigation, en un "or vert" qui sert d'engrais. "Nous voulons continuer de mettre nos rêves en action", confirme Matteo (qui vient de Pologne).

"Nous sommes le présent, et pas seulement l'avenir", insistent les jeunes réunis à Assise
(c) Economie de François

Facundo, venu d'Argentine, témoignait sur la richesse des échanges qui pouvaient se jouer entre les acteurs d'une même communauté, réunis par ce concept de l'économie de François. "Assis à la même table, nous voyons que les convergences sont plus fortes que les divergences." Ces discussions faisaient d'ailleurs le cœur de la journée de vendredi dernier. Le millier de participants s'est réparti en "villages" à Assise pour un temps "Face-à-Face avec François", puisque chaque groupe de discussion s'est installé dans un lieu franciscain.

Quand finira la nuit ?

A plusieurs reprises pendant ces jours dédiés à l'économie de François, un groupe proposait une chorégraphie autour du texte d'Isaïe: "Sentinelle, où en est la nuit ?" Les questions étaient déclinées de manière plus contemporaine: quand la guerre prendra-t-elle fin ? quand apprendrons-nous l'hospitalité ? Combien de temps devrons-nous attendre pour que les droits des femmes et des enfants soient reconnus ?... Pour conclure: "nous n'avons pas toujours de réponses à donner, mais nous pouvons toujours écouter les questions des jeunes qui demandent un autre monde."

La proximité intellectuelle entre les jeunes rassemblés à Assise et le pape était visible, cette complicité ne tient pas seulement au fait que le pape François a fait le déplacement. Les jeunes le tutoyaient dans leurs interpellations, et le pape réagissait de manière visible. François invitait les jeunes entrepreneurs et étudiants à "changer le monde, non seulement avec le cœur et la tête, mais aussi avec les mains."

Le changement n'attend pas

Pour agir et construire une économie plus humaine, le pape s'est inspiré de la figure de Saint François, le pape : d'abord, "regardez le monde à travers les yeux des plus pauvres", a-t-il souligné, en englobant sous ce terme les enfants à naître, les personnes malades ou en fin de vie, etc. "N'oubliez pas le travail fait avec les mains, et ceux qui le font", rappelle encore le pape. "Sans travail digne et bien rémunéré, les inégalités se creusent."

Au dernier jour de ce sommet d'Assise, chaque participant (sur place ou chez lui dans le monde) était invité à formuler un engagement personnel. "Nous sommes prêts à rentrer chez nous", assumait l'animatrice des débats de samedi dernier, "forts de l'expérience partagée entre nous." Elle ajoute, au nom des centaines de jeunes investis dans l'économie de François: "nous sommes des utopistes, dans le sens des personnes qui se satisfont pas du monde dans lequel nous vivons."

Ces trois jours d'échange ont d'ailleurs été l'occasion de rédiger un pacte signé par le pape et la plus jeune des participantes, au nom de tous: "nous nous engageons, individuellement et collectivement, conscients de nos responsabilités vis-à-vis des autres générations, pour [...] une économie de paix et non de guerre, [...] une économie qui ne laisse personne de côté, [...] une économique qui crée du bien-être pour tous [et pas seulement pour les riches]"... Cet engagement en douze points était complété par des déclarations spécifiques à chaque thème (accessible en PDF en anglais)

A revivre en images

Ce temps fort de la visite du pape à Assise à revivre grâce aux images de Economie de François ⤵️

(Pour repère l'hélicoptère du pape arrive vers la 40ème minute de cette vidéo)

Catégorie : International

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