Le Cardinal Jozef De Kesel, désigné Légat pontifical du pape François pour l’occasion, a présidé la solennité de la dédicace de Notre-Dame de Tournai. « Lieu de prière, lieu de silence, lieu de beauté : que la Cathédrale, à laquelle je souhaite encore une longue vie, soit le lieu où Dieu habite parmi nous ».

850 ans… quel anniversaire ! C’est le 9 mai 2021 que les bougies auraient dû être soufflées par toute la communauté du diocèse de Tournai et par de nombreux invités. Car c’est le 9 mai 1171 très exactement que l’archevêque de Reims a consacré l’édifice d’alors à Marie. Mais il a fallu se résoudre à un événement presque « confiné », avec 15 personnes accueillies dans l’immense vaisseau de pierre et une cinquantaine d’invités assis à bonne distance les uns des autres sur la place de l’Évêché, devant un grand écran.
Alors oui, cette année, on aurait pu parler des 851 ans de la dédicace. Mais cela aurait été priver la vénérable Notre-Dame d’un hommage à la hauteur de sa majesté, de sa beauté, de son rôle d’église-mère du diocèse. « L’événement ne pouvait se réduire à l’office intime célébré l’an dernier, quels qu’aient été la solennité de la liturgie, la beauté des chants et le retentissement assuré par la télévision locale », a d’ailleurs relevé Bernard Pannier, président du Conseil de fabrique de la Cathédrale.
C’est donc libérées des contraintes sanitaires liées à la pandémie de Covid que plusieurs centaines de personnes ont pu, en ce 22 mai 2022, fêter dignement cet événement exceptionnel, à la fois solennel et plein de joie. Parmi les nombreux invités et participants (lire le mot d’accueil de Mgr Harpigny), Laurent Ulrich, longtemps archevêque du diocèse voisin de Lille, a eu droit à une salve d’applaudissements pour sa nomination comme nouvel archevêque de Paris.
La lettre envoyée expressément par le Saint-Père (et traduite du latin pour la célébration !) a ensuite été lue dans son intégralité devant l’assemblée.
Un lieu où Dieu se sent chez lui
Remontant dans son homélie à l’Église naissante, le Cardinal De Kesel s’est réjoui qu’une décision prise à Jérusalem par les premiers chrétiens ait ouvert l’Evangile aux non-juifs, permettant ainsi à l’Eglise de devenir universelle, à des communautés de voir le jour un peu partout, et notamment à Tournai.
Alors, des églises sont sorties de terre, lieux d’écoute de la Parole, lieux de réunion. « Lorsque tout sera accompli (…) aucun temple et aucune église ne seront plus nécessaires. (…) Jusqu’à ce moment, les bâtiments ‘églises’ restent nécessaires. Mais (…) ce qui importe le plus c’est que la foi soit annoncée, que la liturgie soit célébrée avec beauté et que l’Evangile soit réellement vécu. (…) Telle est notre vocation comme communauté chrétienne : être un lieu où Dieu se sent chez lui, où on se montre ouvert à ce qu’il a à dire et où on vit en conséquence. »

Le Cardinal a encore invité l’assemblée à se montrer reconnaissante pour l’admirable édifice qu’est Notre-Dame de Tournai, « qui n’est pas qu’un joyau de notre pays mais qui appartient au patrimoine mondial de l’humanité. Nombreux sont ceux qui y entrent, pour prier et célébrer bien sûr mais aussi parce qu’on est en recherche, parce qu’on a besoin de silence. Le silence qui nous manque tant. Ou tout simplement parce qu’on est touché par la beauté qui (…) nous délivre de tout ce qui est superficiel et banal. »
Espérance et persévérance
Notre-Dame de Tournai, ce n’est pas qu’un bâtiment de pierres, mais c’est aussi un extraordinaire Trésor. L’occasion était belle de mettre la richesse de celui-ci en évidence et c’est vêtus de chasubles chatoyantes que plusieurs chanoines ont entraîné les concélébrants devant la statue de Notre-Dame la Brune pour le Salve Regina.
Avant la bénédiction apostolique transmise par le Légat du pape François, c’est le président de la Fabrique de la Cathédrale qui a tenu à remercier tous ceux qui ont permis la restauration – aujourd’hui bien engagée- de la cathédrale, ceux qui mis leur art à son service, ceux qui veillent au quotidien à ce que l’édifice reste accueillant et ouvert à tous. « Mais en ce jour, c’est à vous, Monseigneur, que la Fabrique tient à exprimer ses plus vifs remerciements. Vous avez été ordonné évêque de Tournai ici même et vous aviez clôturé la cérémonie en remerciant la cathédrale, qui menaçait ruine, d’avoir fait preuve de patience. D’aucuns disent que vous aviez placé à cette occasion les femmes et les hommes politiques à l’endroit le plus dangereux, sous les voûtes hésitantes du transept nord, pour les sensibiliser d’emblée à l’urgence de la restauration. »
Mgr Harpigny a en effet largement travaillé à faire débloquer des budgets, à initier un nouvel aménagement liturgique, à veiller à ce que la cathédrale demeure ouverte au culte. « Sans me tromper, je puis affirmer que votre détermination a été essentielle pour que nous puissions célébrer aujourd’hui, ici, l’anniversaire de la dédicace de la cathédrale. »
Agnès MICHEL